Opération anti gaspi et hyper solidaire pour la brigade solidaire qui récupère les invendus des supermarchés et les distribue dans les quartiers populaire de Rive-de-Gier dans la Loire.
La brigade solidaire récupère les invendus des supermarchés et les distribue dans six quartiers populaires de Rive de Gier. Aux commandes, Jean-Louis, Anice et Ouissem. Les trois complices organisent des marchés gratuits avec des produits frais pour les plus défavorisés. Une occasion aussi de papoter et de partager pour près de 300 personnes chaque mois.
Pas de charité, du bon sens pour lutter contre le gaspillage
C'est un peu toujours le même rituel. La camionnette se gare, l'étal est mis en place, quelques coups de klaxons pour faire savoir qu'ils sont là, des regards aux fenêtres pour inviter les habitants à descendre, pas de chichi, et c'est parti pour la distribution. Pas question d'aumone, le message est clair, ici on lutte contre le gaspillage.
Parmi les habitués, Béatrice, qui touche le RSA, a du mal à finir le mois. Elle, qui doit garder sa voiture en bon état pour accompagner régulièrement sa fille à l'hôpital, payer les charges de son appartement avec ses petits revenus, est reconnaissante. "On en a besoin, ça fait chaud au cœur" dit-elle en retrouvant le sourire.
Si tu cherches une main secourable, tu la trouveras au bout de ton bras
Jean-Louis Valente, créateur de la Brigade Solidaire
Marie-Thérèse, 78 ans, est venue avec son fidèle compagnon à quatre pattes, Peps. "Avant j'allais au supermarché, et je repartais avec des sacs pleins pour 20 euros, maintenant trois courses, c'est 19 euros. Il faut que je compte à la fin du mois. J'y arrive mais je ne peux pas faire d'extras" et elle déclare sans transition "Franchement, je n'ai pas honte, je ne voterai pas" un slogan prononcé comme le dernier mot de sa révolte.
Un peu plus loin, Gigi repart avec une salade, des radis, des fruits. "Le soir, je ne mange pas beaucoup et voilà" dit-elle avec un grand sourire un peu gêné. Elle habite Rive de Gier depuis 40 ans et profite du marché depuis sa création. Pour elle aussi, les fins de mois sont difficiles, son budget alimentaire est très réduit. Elle achète peu de produits frais. Quand notre journaliste lui demande si elle se rend aussi aux restaus du cœur, elle valide. "J'y suis allée longtemps et puis après je ne pouvais plus, ça me travaillait. Je n'aimais pas, j'avais honte". Là, son sourire se fait plus triste. Elle conclut "Du jour où mon mari est décédé, ça a été foutu".
Un appel à l'aide et à la générosité
La Brigade Solidaire a commencé son action pendant le 1er confinement, en faisant du porte à porte. Jean-Louis Valente, créateur de la Brigade Solidaire, se souvient de la générosité des habitants. "Les gens nous disait spontanément, moi j'en n'ai pas besoin, alors voir la voisine du dessus, elle a des enfants, elle est seule. Elle en a plus besoin que moi". Au fil de ses tournées, il en a croisé des personnes dans le besoin et tire la sonnette d'alarme : "il se trouve que parmi les gens qui en ont besoin, on a aussi les classes moyennes qui sont en train de plonger."
A la fin du confinement, la brigade a continué sa lutte contre le gaspillage en créant les marchés solidaires. "Si chacun apporte sa pierre à l'édifice par le temps, par l'argent, par les conseils [..] on peut faire des choses extraordinaires, voire éradiquer la faim sans jeu de mots et sans avoir les chevilles qui gonflent" explique Ouissem. Présent quotidiennement sur le terrain, il en appelle à la générosité collective.
Pour Jean-Louis Valente, il faudrait créer des emplois afin de récolter les invendus pour éviter le gaspillage et les redistribuer pour nourrir ceux qui en ont besoin. "Si chaque maire fédérait ce tissu commercial, qui gaspille j'en suis certain, on pourrait créer de l'emploi". Un cercle vertueux utile, quotidien et simple à mettre en place, complémentaire de l'action des associations déjà en place selon lui. "C'est ensemble que nous pourrons avancer et mettre en place des dispositifs qui répondent réellement aux attentes d'une majorité de Français qui souffre de la misère aujourd'hui".