"C'est l'art de la débrouille, on fait avec les moyens du bord", face à la précarité qui augmente cette association s'inquiète

La porte de l'Ostalada est toujours ouverte. 365 jours par an, des bénévoles du Secours catholique y accueillent gens de la rue, étudiants, familles précaires. Dans les locaux de ce centre social, on peut prendre une douche, faire une lessive, partager un petit déjeuner. Le 1er de l'an, c'est un repas un peu plus festif qui est offert. Mais également un moment d'échange dans un contexte où les personnes fragiles sont de plus en plus nombreuses.

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Le 1er janvier est un jour comme un autre à l'Ostalada du Secours catholique installée au cœur de Toulouse. Les portes du centre sont ouvertes comme chaque jour de l'année. Mais l'accueil y est un peu particulier ce mercredi avec un brunch offert aux personnes les plus démunies.

"On repart avec le sourire"

Dans ces murs hommes et femmes viennent chercher un peu de réconfort, quelques heures pour mettre en parenthèse une vie de galère et de difficultés. À l'image de Boubacar. Il vient de quitter la région parisienne. Pour lui la rue n'est forcément qu'une étape en attendant de retrouver un travail, un logement. "J'ai l'habitude de venir ici. Ce 1er janvier marque le début de la nouvelle année. Ici le temps passe de la meilleure manière. Je retrouve des amis, un peu de cohésion et on repart avec le sourire".

Christophe lui, connaît l'association depuis 10 ans. "Il y a de la lumière, on se restaure et c'est important quand on dort dehors. On ne dort pas d'ailleurs dans le froid et l'humidité. Ici on trouve un accueil, des gens simples et gentils".

Optimisme en berne

Ce moment de partage le 1er jour de l'année, Andrew N'Guyen le coordinateur du pôle errance de l'association y tient beaucoup. Comme un symbole de renouveau, même s'il redoute les mois qui viennent. Son optimisme s'érode d'année en année.

"Nous avons servi 180 repas le 25 décembre. 180 pour ce 1er janvier C'est énorme ! Grâce à des partenariats avec des boulangeries, des traiteurs on a pu offrir un menu un peu plus festif avec par exemple du foie gras, des pintades. On fait au mieux avec les moyens du bord. C'est un peu l'art de la débrouille. On récupère moins de denrées des grandes surfaces Elles réduisent leur stock parce que les gens achètent moins du fait de l'inflation. Les dons en nature sont donc en baisse".

La précarité ne cesse de croître. Depuis l'été dernier ce bénévole, qui compte 10 ans d'engagement dans la solidarité, s'inquiète. "Je suis très angoissé. L'été dernier on a servi des repas tous les jours alors que ce n'est pas notre mission première. À Toulouse on a 1200 étudiants en situation de précarité ! On a des retraités qui n'arrivent pas à vivre dignement, des familles, des gens qui travaillent mais pour qui une fois le loyer et les charges fixes payés il ne reste rien ! Comment cela est-il possible dans un pays qui exporte sa gastronomie et qui est la 7ème puissance mondiale ? "

Ce qui effraye le plus Andrew N'Guyen, c'est ce sentiment que la précarité peut désormais toucher tout le monde. Tout est fragile et la bascule peut se faire très vite.

Pour lui la crise sanitaire et la crise économique ont entraîné des changements dans la société. "On se recentre sur soi, sur ses besoins essentiels. C'est bien en un sens. Mais on ne voit plus le voisin, on ne s'en occupe plus !"

Des bénévoles éprouvés

Son espoir que les choses changent, il le place dans la nouvelle génération. " Les 40/70 ans ne s'intéressent plus aux sans-abri. Alors que les jeunes ont une autre attitude. Ils parlent avec les gens de la rue".

Des jeunes qui franchissent le pas et donnent parfois de leur temps. Anna a 20 ans. Étudiante en droit elle consacre ses vacances à donner un coup de main au Secours catholique. "Je trouve que c'est important de s'engager. Et puis ça remet les pieds sur terre. Humainement c'est très enrichissant. Au début c'est difficile. Lors de ma première maraude j'ai pleuré !"

Toucher du doigt l'isolement, la détresse devient de plus en plus douloureux pour les bénévoles. "Nos bénévoles s'épuisent parce que c'est de plus en plus dur. On rencontre des familles avec des enfants en bas âge qui dorment dans la rue. C'est insupportable. J'ai souvent du mal à rentrer chez moi au chaud, me glisser sous ma couette quand je sais que des gens dorment dans le froid", confie Andrew N'Guyen.

Trouver des dons, recruter des bénévoles, rester présent aux côtés des plus fragiles, ce responsable le sait, la tâche s'annonce rude pour cette année 2025 dans une région où 100 000 personnes sont en situation de grande précarité. 

Écrit avec S.Pointaire et M.Chouvellon

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