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Un champ agricole au milieu du bitume : Philippe Zerr, le géant vert de Lyon

Philippe Zerr, maraîcher urbain de la cité des Etats-Unis à Lyon

Dans le quartier des Etats-Unis à Lyon, Phillipe Zerr et son associé Nicolas Gauthier ont installé des parcelles agricoles juste au bas des tours de la cité HLM. Ici, quand les légumes poussent, le lien social grandit.

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"Tout le monde nous disait que ça allait être la pagaille" souffle Philippe Zerr, le maraîcher urbain de la cité des Etats-Unis. Pendant 10 ans, il a travaillé dans le monde de l’audiovisuel, et, un jour, a décidé de tout arrêter. "Je ne comprenais plus ce que je faisais, c’était devenu trop abstrait pour moi, commente-t-il. Je voulais revenir à une pratique plus concrète, quelque chose de plus palpable. Et puis je me suis dit que si un jour tout devait s’arrêter, j’aimerais savoir comment cultiver la terre et me nourrir, c’est comme ça que je suis venu à cette pratique".

La couleur locale ici c’est le bitume, tout est gris, même le mini terrain de foot collé à l’espace agricole. De temps en temps il arrive que le ballon rebondisse sur un des légumes en train de pousser tranquillement, mais c’est le jeu. "C’est vraiment pas méchant, poursuit Philippe. De manière générale, tout le monde respecte notre travail ici. On nous avait pourtant dit qu’on nous volerait tout, et qu’on nous détruirait tout. Ce qui n’a pas du tout été le cas. On s’est rendu compte que la terre, la culture et les légumes c’était universel. Tout le monde comprend ce langage".

Politique ou poétique ?

Quand il désherbe, on regarde un peu autour et on trouve cette scène d’une infinie poésie. Philippe, dans son champ, au milieu de la dizaine de bâtiments qui l’entourent, plante des graines et fait reprendre ses droits à la vie de la nature. C’est presque un acte politique ? "Non, du tout, répond l’intéressé. Moi ce que j’ai voulu faire à la base, c’est revenir à la terre. Tout l’aspect social de cette action nous a été proposé après, notamment avec la rencontre de l’entreprise Place au terreau qui nous a mis en contact avec le bailleur social".

Le chant des oiseaux

Sarah Richardier est présidente de Place au terreau et elle a été à la base de l’initiative. "On a travaillé avec le bailleur social à nous implanter au milieu de ce quartier populaire, nous dit-elle. L’idée c’était de mettre au service des habitants les trois grandes éthiques de la permaculture qui sont le fait de prendre soin de l’Homme, prendre soin de la Terre et partager équitablement. Cultiver et accompagner les gens à mettre leurs mains dans la Terre ça permet d’une part de nous reconnecter à une activité essentielle de notre humanité, et ça permet aussi d’interroger concrètement les gens sur notre manière de vivre".

Régulièrement, l’entreprise propose des ateliers à celles et ceux qui veulent bien y participer, et met ainsi à leur disposition une nouvelle manière de consommer. En rouvrant un espace de terre au milieu des bâtiments de béton, c’est aussi la vie qu’on a rouvert dans ces rues. "Les gens se mettent à repasser par ici, ajoute Sarah. Parce que c’est aussi le son de la nature qu’on a retrouvé, les oiseaux se remettent à chanter".

"C’est promis !

Derrière la parcelle, entre les légumes et le terrain de foot, deux femmes assises sur un banc racontent : "C’est très bien ce qu’ils ont fait. Ça fait des années qu’on vit dans ce quartier et ça fait plaisir de voir un peu de nature comme ça". Et à la question de savoir si elles achètent ce que récoltent Philippe et Nicolas elles avouent que : "Non. On a nos habitudes depuis toutes ces années, on va au marché qui est juste derrière l’immeuble, finissent-elles de dire en riant. Mais bientôt on viendra acheter ici, c’est promis".

Philippe, Nicolas et Sarah cultivent, accroupis, la terre des Etats-Unis, et autour de la gigantesque entaille de terre faite au milieu du béton, on ne sait pas si ce sont les oiseaux ou les cris victorieux des enfants qu’on entend le plus, mais c’est certain, quelque chose ici a changé.

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