Selon la fédération des chasseurs de la Drôme, il y a 200 loups dans le département, et le grand gibier se retrouve menacé. Les chasseurs voudraient pouvoir participer à la régulation du prédateur et demandent un prélèvement de 100 loups pour la saison 2023/2024. Explications.
Le samedi 15 avril dernier, la fédération départementale des chasseurs de la Drôme a voté, lors de son assemblée générale qui se déroulait à La Chapelle-en-Vercors, une motion pour demander à l’État de pouvoir intervenir dans la régulation du loup. La motion va être transmise à la préfecture de la Drôme, la préfecture de région et au préfet référent national du Plan Loup, ainsi qu'aux fédérations de chasse voisines ce vendredi 21 avril.
La fédération compte aujourd'hui 10 300 chasseurs. Et pour beaucoup, la présence du loup dans le département depuis 20 ans commence à poser de sérieux problèmes, notamment sur les populations de gros gibiers qui en font les frais.
Impact sur le grand gibier
Les élevages ne sont donc pas les seuls impactés par la présence du loup sur le territoire. Les chasseurs de la Drôme avancent le chiffre de 200 loups. Inquiète, la fédération des chasseurs de la Drôme tire la sonnette d'alarme : le prédateur serait aussi une menace pour les grands gibiers. Leurs populations se seraient progressivement effondrées depuis que le loup est arrivé sur leur territoire, officiellement en 2003.
Aujourd'hui, l'impact est très visible sur le grand gibier et la biodiversité. Ainsi, la population complète de mouflons a disparu.
Rémi GandyPrésident de la fédération de chasse de la Drôme
"Le mouflon a disparu en premier, c'était le plus facile à prédater. On comptait autrefois une population de 1000 mouflons dans la Drôme, on en prélevait d'ailleurs 320. Les loups ont éradiqué le mouflon en 15 ans. En 2015, il avait disparu", précise Michel Sanjuan, vice-président de la fédération drômoise. "Après le mouflon, le loup s'est attaqué au chevreuil, puis au chamois, ensuite au cerf et maintenant, c'est au tour du sanglier qui est pourtant omniprésent dans le département," énumère Michel Sanjuan. Le sanglier devenu une proie pour le loup, les chasseurs qui en ont prélevé jusqu'à 13 000 par an, ne s'y attendaient absolument pas.
Outre la population de mouflons tombée à zéro, les chasseurs ont noté une chute libre des populations de chevreuils et de chamois ces dernières années : de moins 30 à moins 40 %. Même phénomène pour les cerfs avec une baisse de 20 à 30 %, comme pour le sanglier. Ces données sont le résultat d'un "monitoring précis de la population de grands gibiers," indique le responsable départemental. Les chasseurs redoutent une disparition progressive des espèces, et notamment des ongulés sauvages. Or seuls les dégâts causés par le prédateur sur le pastoralisme sont aujourd'hui pris en compte par les autorités, déplorent les chasseurs.
Vers une perte d'adhérents ?
La fédération de chasse de la Drôme redoute aussi par ricochet une perte sèche du nombre d'adhérents dont certains viennent aussi des départements voisins. "Dans la Drôme, beaucoup de chasseurs sont issus des zones périurbaines périphériques. Ils viennent parce que les cartes sont moins chères, le gibier abondant et bien géré", résume Michel Sanjuan. "On s'attend à de fortes diminutions du nombre de chasseurs dans les années à venir", confie ce dernier dans une vidéo postée récemment sur les réseaux sociaux.
Aider à la régulation du prédateur
Dans leur motion, les chasseurs de la Drôme souhaitent notamment pouvoir prélever le loup lors de battues aux grands gibiers. Des battues spécifiques sont techniquement impossibles selon les chasseurs. Ils voudraient également pouvoir participer aux actions de louveterie. "C'est difficile de prélever des loups dans la Drôme, car le département est très boisé", note Michel Sanjuan.
Les chasseurs drômois se défendent d'être opposés au loup ou de vouloir son éradication. "Le loup n'a pas vocation à être un gibier," assure Rémi Gandy, le président de la fédération drômoise. Au sein de la fédération, on se dit même favorable à la présence d'une cinquantaine de loups dans le département, "Ce serait acceptable et ça ne poserait pas de problème", indiquent les responsables de la fédération.
On a compris que vis à vis de la nature, le loup a un rôle. On l'accepte mais dans une proportion raisonnable. Aujourd'hui, l'équilibre est rompu.
Michel SanjuanVice-président de la Fédération de chasse de la Drôme
Les chasseurs de la Drôme réclament une politique de gestion du loup départementale et non nationale. La fédération souhaite ainsi que la Drôme devienne un département pilote en matière de gestion du loup. Ils veulent faire "évoluer la législation" et réclament aussi un allègement des "contraintes" pour les louvetiers et les bergers en matière de prélèvement. L'objectif : "contrôler l'expansion du loup en Drôme pour maintenir sa présence à un niveau de population acceptable pour tous", indique la motion. Ils demandent un prélèvement de 100 loups pour la saison 2023/2024.
Le prédateur est protégé par la convention de Berne de 1979. Au sein de l’Union Européenne, le loup est également sous la protection de la Directive Habitat datée de 1992.