Ressources urbaines : Du 14 au 19 mars 2022, le cœur de 90 classes de Valence (Drôme) bat au rythme de rencontres avec des auteurs de livres jeunesse parmi les plus reconnus. Un salon crée il y a 21 ans par quelques aventuriers de l'excellence au service des élèves.
Il suffit de quelques secondes… Quelques secondes pour sentir que Benoît Charlat est accueilli dans cette classe de maternelle de l'école Pierre Brossolette de Valence comme un invité d'honneur.
Benoit Charlat est un des 10 auteurs invités du 21e Salon du livre jeunesse du Plan à Valence. Créé en 2002 ce salon de quartier touchait une vingtaine de classes à ses premières heures et en anime désormais 90 dans plusieurs écoles.
En petite et moyenne section, Frédérique Marnas, l'enseignante, travaille depuis deux mois à la préparation de cette rencontre avec sa classe. On mesure à la taille des sourire l'évènement tant attendu.
Nous sommes quartier du Plan à Valence, un des deux quartiers prioritaires de la Politique de la ville de la préfecture de la Drôme, doux euphémisme pour comprendre qu'il s'agit d'un des quartiers les plus défavorisés, où se cumulent des problématiques socio-économiques de taille.
Les enfants cependant n'ont que faire des classifications. Entre leurs mains des livres, par dizaines, d'un auteur qu'ils ont étudié pendant des semaines. Ils ont 3 et 4 ans et sous leurs yeux, il dessine des personnages auxquels ils ajoutent des cœurs fabriqués avec attention.
Plusieurs mois de préparation
" Ils l'attendaient vraiment avec impatience" nous raconte l'enseignante. "On a lu une histoire par jour depuis plusieurs semaines et lui ont posé beaucoup de questions."
L'auteur aux près de 50 ouvrages publiés par l'Ecole des loisirs participe à l'évènement pour la première fois. Il vient de Dunkerque et va rester dans ce quartier pendant quatre jours, visiblement ému et heureux de transmettre et de partager avec ses jeunes lecteurs.
"Quand j'étais petit, j'avais du mal à trouver ma place alors mes histoires c'est ma manière d'être et de communiquer avec les petits" commente-il humblement.
Kotimi, une enfance japonaise
A moins de 100 mètres de là, à la Maison pour Tous, au deuxième étage, se trouve une bibliothèque. Animée par une équipe très impliquée dans ce salon, on y découvre une exposition de grande qualité.
Kotimi, artiste d'origine japonaise, a présenté deux fois son travail en France : à la maison du Japon puis au Trocadéro à Paris. Sa troisième expo est réservée au Plan, à Valence. Signe de l'exigence de ce rendez-vous attendu dans le quartier.
Kotimi a écrit et dessiné sa propre enfance, au Japon. L'occasion d'échanger avec les enfants venus la rencontrer sur sa double culture et ce qu'elle implique. Nippo-française, franco-japonaise, elle vit en France depuis 25 ans et s'émeut d'échanger avec des enfants qui lui évoquent leurs origines, arabes ou africaines et dont l'enfance résonne dans ses esquisses. Chacun se comprend.
"On a le droit de dépasser?"
"Cette rencontre avec les enfants c'est très important" dit-elle. En effet, face à elle, les yeux brillent, les questions fusent: "C'est vrai ce qu'il y a dans ton livre ?"
"Combien de temps tu as mis pour l'écrire ?" ou encore "On a le droit de dépasser ?"
Derrière cette phrase si insignifiante, on entend aussi le droit de s'exprimer, et Kotimi les invite à dessiner à l'encre de Chine des visages différents pourvu qu'ils leur ressemblent.
Reconquérir les lecteurs
Pour le responsable de la médiathèque, ce salon est aussi l'occasion de faire revenir du public car depuis le COVID "il faut reconquérir les lecteurs" . Abdel-Krim Tribèche et l'équipe qui l'entoure affichent une fierté discrète à partager ces moments de qualité avec un public qui a parfois "perdu l'habitude de venir".
Partout dans le quartier, des affiches coconçues et revisitées avec les élèves annoncent l'évènement. Pendant une semaine, le Plan est un bouillon de lecture dont l'énergie est insufflée par une vingtaine de personnes surimpliquées.
Enseignants, bibliothécaires, parents, chacun a son rôle à jouer. Les enfants eux, n'ont pas besoin qu'on leur explique, ils sont acteurs principaux de cette histoire écrite pour eux.
Un évènement rayonnant
"Mais chaque année, on le vit comme si c'était le dernier" précise Serge Bessede , directeur de l'école Pierre Brossolette et fondateur du festival. En effet, les fonds du contrat de ville (somme allouée par l'Etat) sont passés de 10 000 euros à 2 000 euros en 7 ans. Il faut chaque année trouver des fonds, avec la municipalité, la Région, les banques et le mécénat sans être sûr de boucler les comptes.
"Ce festival est le fruit des familles, des équipes qui l'animent. Nous tenons à ce qu'il reste attaché à notre quartier car il faut que tout cela rayonne. On diffuse petit à petit autour de nous et nos enseignants travaillent vraiment leur sujet au service de tous."
Tous, ce sont les jeunes lecteurs et leurs familles, d'où qu'ils viennent. L'ambition est notamment d'attirer des enfants, des parents, des enseignants du centre-ville de Valence jusqu'au Plan pour créer des interactions.
Un des meilleurs moments pour cela : le samedi 19 mars, jour de dédicaces et de rencontre avec les auteurs. Un évènement gratuit, ouvert à tous dans ce quartier où les classes vibrent pendant une semaine au rythme des histoires. La suite est surement à écrire avec les voisins proches ou lointains…
Pour s'y rendre
Samedi 19 Mars
Salon du livre jeunesse du Plan gratuit sans inscription
Maison pour tous du Plan
1 Place des Aravis, 26000 Valence
04 75 42 52 79
mpt.plan@mairie-valence.fr