Les suites du meurtre de Thomas à Crépol le 19 novembre 2023 ont braqué les regards sur le quartier de la Monnaie à Romans-sur-Isère. La maire de la ville, Marie-Hélène Thoraval, a reçu des menaces de mort après ses prises de position sur la délinquance. Elle revient sur les événements de ces derniers jours.
Au lendemain d'un rassemblement de plusieurs dizaines de personnes samedi 2 décembre 2023 dans le quartier romanais de la Monnaie, la maire DVD de Romans-sur-Isère, Marie-Hélène Thoraval s'est exprimée dans Ici 12/13 Rhône-Alpes ce dimanche 3 décembre. Elle est revenue sur les événements des deux dernières semaines, après le meurtre de Thomas à Crépol, dans la Drôme, dans la nuit du 18 au 19 novembre.
Concernant le sentiment exprimé par certains d'un abandon, voire d'un déclassement du quartier, elle a souligné que "les investissements qui sont consacrés à la Monnaie, que ce soit ceux de la Ville ou des différentes collectivités (agglo, département, région et Etat dans le cadre de la rénovation urbaine), on parle d'un peu plus de 150 millions d'euros sur les neuf dernières années consacrés à ce quartier de la Monnaie".
"Faire en sorte que les règles soient respectées"
Interrogée sur les propos qu'elle a tenus la semaine dernière (évoquant des suspects issus de parents déjà délinquants) et qui ont fait réagir dans le quartier, elle réfute toute volonté d'attiser les tensions. "Moi, je dis qu'il faut voir la réalité en face. Mon rôle, c'est de faire en sorte que les règles soient respectées, qu'il y ait du bon ordre dans la ville et que l'ensemble des services publics soit à la disposition de tous les Romanais. Il n'y a pas de quartier qui ferait exception, et dans le même sens, ils doivent respecter les règles qui permettent de faire société".
A propos de la "manifestation d'ultra droite" dans le quartier de la Monnaie la semaine dernière, Marie-Hélène Thoraval souligne que le pire a été évité. "Heureusement que les forces de l'ordre étaient présentes en nombre, mobilisées par l'Etat, sinon on courait à la catastrophe. J'ai toujours condamné toute forme de violence, on ne règle pas les problèmes par la violence."
Une maire menacée de mort
Au sujet des menaces de mort et de décapitation dont elle a tout récemment fait l'objet, elle estime "avoir le courage de préciser ce qu'est la réalité, à savoir un quartier gangrené par le trafic et la consommation de drogue, par la délinquance et par la volonté de certains d'en faire une zone de non-droit. Je n'accepte pas de me soumettre aux règles de certains."
Concernant précisément la délinquance, il y a selon elle "une centaine d'individus qui posent de très gros problèmes, dont une quarantaine particulièrement durs. Disant cela, je ne stigmatise en rien ce quartier parce que la majeure partie de la population subit cette délinquance."
Pour remédier à cette situation, elle souhaite que l'on sorte des concepts et que l'on regarde les situations comme elles sont. "Aujourd'hui il faut trouver des solutions nouvelles pour mettre ces personnes [les délinquants, NDLR] hors d'état de nuire parce qu'elles polluent la vie de tous. Quand je regarde les soutiens que je reçois, ils vont dans ce sens parce qu'ils expriment l'opinon d'une majorité silencieuse : on en a assez que nos villes soient stigmatisées par le comportement d'une poignée."