Cinq jours après la mort d'un quinquagénaire sous curatelle au Grand-Serre (Drôme) le 29 décembre 2023, le passé du couple qui l'hébergeait remonte peu à peu à la surface. Les deux occupants de la maison bénéficiaient d'un agrément du Département leur permettant d'exercer en tant que famille d'accueil.
Le vendredi 29 décembre 2023, un habitant du Grand-Serre, à la frontière entre la Drôme et l'Isère, appelait les gendarmes, avouant qu'il avait frappé et tiré au plomb sur un homme qu'il hébergeait. Ce dernier est mort et une enquête devra déterminer si le décès est dû à un mauvais traitement pouvant être qualifié de torture.
Ce mardi 2 janvier, notre équipe de reportage s'est rendue dans cette petite commune de 900 habitants. Ce couple vivait au Grand-Serre depuis deux ou trois ans seulement et a accueilli plusieurs enfants en tant que famille d'accueil, selon l'avocat du mari.
Contacté par nos soins, le Département de la Drôme confirme ce mercredi 3 janvier que le couple bénéficiait bien "d'un agrément délivré par le Conseil départemental conformément à la procédure réglementaire". Le Département indique avoir "pris les mesures de protection requises pour les enfants vivant dans le foyer". Selon Ivan Flaud, l'avocat du mari, aucun enfant n'était présent dans la maison le 29 décembre 2023. L'enfant qui était à la charge du couple était chez ses parents.
Depuis le chemin, une maison à deux étages est visible derrière une grille couverte de mousse. Le jardin n'est qu'une surface de terre et dans la cour se trouvent une voiture, un camping-car ainsi que deux mobil-homes couverts de bâches. Le toit de la terrasse de la maison est également bâché.
Dehors, une brouette et une pelleteuse rajoutent à l'étrangeté que l'endroit dégage. Des sacs de courses, des caisses alimentaires, mais aussi des excréments d'animaux jonchent le jardin, dans lequel il y a une balançoire et d'autres jeux pour enfants.
D'après nos informations, le couple n'avait pas de problèmes particuliers depuis son arrivée dans la commune, excepté une querelle de voisinage pour une histoire d'élevage de chiens. L'homme, qui a avoué avoir frappé la victime et lui avoir tiré dessus, a été mis en examen pour "acte de torture et de barbarie ayant entraîné la mort sans intention de la donner".
Des conditions de traitement "déplorables"
Sa compagne est, elle aussi, mise en examen, pour les mêmes motifs. Lors de son appel aux gendarmes, le meurtrier présumé avait expliqué avoir frappé la victime quelques jours auparavant, a confié le procureur de Valence.
D'après l'autopsie, la mort de cet homme de 53 ans n'est pas due aux coups, mais à une absence de soins. "Il était hébergé chez eux dans des conditions qui manifestement étaient déplorables", complète le procureur. L'avocat du mari, Me Ivan Flaud, indique que la qualification d'acte de torture et de barbarie pourrait évoluer.
Dans son communiqué, le Département de la Drôme indique se tenir "tant que nécessaire à la disposition du parquet" désormais saisi de l'affaire.