Guillaume Bardet est designer et artiste...et Drômois. Lorsqu'un appel à projet est lancé pour créer le nouveau mobilier liturgique de Notre-Dame de Paris, il a postulé et remporté le concours. Il avait alors un an pour relever le défi et voir ses pièces prendre place dans la cathédrale en octobre 2024. Les cérémonies de réouverture de la cathédrale débutent les 7 et 8 décembre.
Le 15 avril 2019, un incendie majeur ravage l'emblématique cathédrale de Notre-Dame de Paris, détruisant sa charpente, sa toiture et sa flèche, devant des millions de Français choqués et émus. Ce n'est que cinq ans plus tard, le 8 décembre 2024, que la première messe est programmée. Une réouverture après un chantier de restauration de plusieurs années. L'office a lieu avec un tout nouveau mobilier liturgique réalisé par un designer installé à Dieulefit, dans la Drôme.
Comprendre le mobilier liturgique
C'est Guillaume Bardet qui a réalisé la totalité du nouveau mobilier liturgique de la cathédrale. C'est le seul élément qui n'a pas été reconstruit à l'identique. Un projet titanesque pour le designer et sculpteur drômois. Ce dernier a appris en juin 2023 qu'il est sélectionné parmi 70 candidats, puis parmi les cinq finalistes.
Son style épuré a su séduire le Diocèse de Paris. Diplômé de l'École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs (ENSAD), Guillaume Bardet a été choisi pour dessiner et réaliser les éléments clefs : l'autel, le baptistère, l'ambon (le pupitre), la cathèdre (le siège de l’évêque) ainsi que le tabernacle.
Mais il lui fallait comprendre aussi la fonction symbolique et usuelle de ce mobilier d'exception. Pendant un an, il a enchaîné les rendez-vous avec les commanditaires et les prestataires. À plusieurs reprises, il s'est rendu sur le chantier pour vérifier que ses créations s'intégraient parfaitement aux lieux. Deux années de collaboration étroite avec le diocèse de Paris ont été nécessaires pour réaliser ce projet.
Un projet d'envergure dont l'artiste drômois ne réalisait pas la portée. Des mois après avoir commencé sa tâche, il peinait encore à réaliser : "Je ne sais pas à quel moment je vais me rendre compte que c'est cinglé. Ça sera après tout ça, pour l'instant ça reste irréel. C'est réel mais ça reste irréel", avait-il déclaré.
Fonderie d'art
L'artiste aujourd'hui âgé de 53 ans était inconnu du grand public jusqu’à ce qu’il ait été choisi par le Diocèse pour cette tâche colossale. Sa matière de prédilection est le bronze. Il la travaille dans son atelier de Dieulefit depuis près de 10 ans. Un matériau noble et intemporel. Pour réaliser ces pièces, il a dû créer de nombreuses maquettes. Guillaume Bardet a choisi une fonderie d'art voisine de l'atelier, la fonderie Barthélémy Art. Une fonderie de Crest, détentrice du label "EPV", entreprise du patrimoine vivant. Six tonnes de bronze ont été utilisées pour réaliser le mobilier de Notre-Dame de Paris. Le nouvel autel pèse à lui seul près d'une tonne.
À l'arrivée, cinq éléments en bronze d’une grande sobriété et aux lignes épurées. Mais aussi des milliers d'heures de travail pour concevoir, mouler, couler, ciseler, patiner et polir ce mobilier liturgique. Toutes ces pièces ont été fabriquées entre juin 2023 et octobre 2024. Ce nouvel ensemble liturgique sera dévoilé au grand public le 8 décembre.
Le diocèse de Paris, convaincu par le talent de Guillaume Bardet, a également confié à l'artiste de Dieulefit une nouvelle commande : la réalisation de la vaisselle liturgique en argent martelé. Soit le calice, les burettes, l’ostensoir ou encore l’encensoir. Autant de pièces qui ont chacune une fonction précise. Des éléments conçus pour un monument historique qui s'adresse à tous. "Tout visiteur doit comprendre qu'il s'agit de sacré et de liturgie", explique l'artiste.
Le mobilier liturgique de Guillaume Bardet s’apprête à s’inscrire dans l’histoire de Notre-Dame de Paris et du patrimoine mondial. Un défi qui a demandé deux ans de travail à Guillaume Bardet.
"L’ensemble de mobilier imaginé par le designer drômois Guillaume Bardet n’est pas la première incursion de l’artiste dans le domaine religieux. Déjà, en 2017, il avait exposé au couvent de La Tourette, près de Lyon, signé Le Corbusier, une table symbolisant la Cène", indique le ministère de la Culture.
Un documentaire lui est consacré : "Guillaume et Notre-Dame" de Emmanuelle Mougne, une coproduction Squawk/france télévisions à voir le jeudi 19 décembre à 22h50 sur France 3 Auvergne-Rhône-Alpes. Et d'ores et déjà sur France.tv