L'affaire remonte à 2018 : une entrave au travail d'inspection sur la plus vieille centrale de France, située dans la Drôme : la centrale du Tricastin. Le juge de Marseille chargé de l'enquête a reçu, ces dernières semaines, une deuxième victime qui se constitue partie civile.
Un deuxième cadre d'EDF a demandé à se constituer partie civile dans l'enquête menée par un juge à Marseille sur des soupçons d'obstacles au contrôle des inspecteurs de la sûreté nucléaire à la centrale de Tricastin (Drôme), a-t-on appris ce vendredi 7 octobre 2022, auprès de son avocat.
Selon une copie de sa demande de constitution de partie civile, " il apparaît de manière incontestable que les responsables de cette centrale ont " en juillet 2018 " tout fait pour faire obstacle au travail d'inspection " de cet homme âgé de 51 ans, alors ingénieur au service d'inspection interne d'EDF depuis 2015 et qui se fait appeler Victor dans la presse pour garder son anonymat.
Selon son avocat Etienne Noël, sa constitution de partie civile a été envoyée début septembre au juge de Marseille.
Interrogés par l'AFP, ni le parquet de Marseille ni EDF n'ont souhaité communiquer sur cette information.
Dans un mail à l'AFP, EDF a toutefois tenu " à opposer un démenti formel aux accusations proférées à son encontre et celle de la direction de la centrale du Tricastin, portant sur une prétendue politique de dissimulation des évènements, le non-respect généralisé des procédures et l'existence d'intimidations envers la filière indépendante de sûreté ".
Harcèlement moral entre cadres
Aujourd'hui en arrêt maladie après plusieurs tentatives de suicide selon son avocat, Victor assure en outre dans ce document avoir été victime de "harcèlement moral" de la part d'un cadre de la centrale "et ce à la demande expresse de la direction de la centrale".
Ce cadre de la centrale, aujourd'hui âgé d'une quarantaine d'années, est l'homme dont la plainte en 2021 contre EDF dénonçant une "politique de dissimulation" de l'entreprise en matière de sûreté nucléaire, avait abouti à l'ouverture d'une instruction contre X à Marseille. Lui se fait appeler Hugo dans les médias pour garder son anonymat.
L'information judiciaire retient notamment "la mise en danger de la vie d'autrui" et "obstacles au contrôle des inspecteurs de la sureté nucléaire".
Selon la nouvelle constitution de partie civile, le directeur de la centrale de l'époque et Hugo "ont tout fait pour pousser" l'inspecteur "à bout et lui faire perdre son sang froid".
Selon la même source, Hugo a affirmé que la direction de la centrale avait signalé à leur hiérarchie leur volonté de voir Victor exclu de cet audit car sa précédente inspection en 2015 avait déplu.
" Derrière, il y avait l'enjeu de l'autorisation des 10 ans (de fonctionnement ndlr) supplémentaires " de la centrale, a assuré Victor à l'AFP. L'inspection qu'il menait allait " forcément avoir indirectement et potentiellement un impact (...) sur la prolongation ", selon lui.
La centrale du Tricastin est l'une des plus anciennes de France.
En 2015, selon la constitution de partie civile, une phrase de Victor faisant état d'un " manque de professionnalisme des équipes de conduite " du réacteur avait été retirée de son rapport par la direction de Tricastin " en totale violation des règles édictées en interne ".
Avec AFP