Pourquoi l'acheter en magasin quand on peut le choisir directement sur l'arbre ? À Gervans, dans la Drôme, Laurent Habrard propose aux consommateurs de venir cueillir leurs abricots sur son exploitation. Une solution à moindre coût, gage de qualité et vectrice de lien social.
Choisir ses abricots directement sur l'arbre pour un prix dérisoire. C'est ce que propose Laurent Habrard, arboriculteur et viticulteur dans la Drôme. Cela fait trois ans qu'il ouvre au mois de juillet des créneaux sur son site internet jecueillemesabricotsbios.fr, afin de venir récolter les fruits sur sa parcelle.
Le principe est simple : chacun doit arriver avec son contenant, de préférence solide car les abricots sont cueillis bien mûrs, et le remplir à sa guise en se promenant dans les allées de la plantation de trois hectares. Une fois la cueillette terminée, il faut passer à la pesée. Le prix y est alors dégressif. Pour 1 à 10 kg ramassés, le prix au kilo est de 1,50 euro. Entre 10 et 20 kg, cela ne coute plus qu'1,40 euro le kilo et ainsi de suite. Au-delà des 50 kilos, le kilo est à 1 euro.
Des prix "incroyablement élevés" dans le commerce
"L'idée pour moi, c'est d'utiliser au mieux une petite surface que j'ai d'abricots", explique Laurent Habrard, paysan depuis 25 ans. "Ça simplifie pour moi pas mal de choses. D'abord, il y a le fait de ne pas acheter de contenants. Ensuite, ça évite d’employer de la main d'œuvre que j’utilise beaucoup pour la vigne", ajoute l'agriculteur, dont la majeure partie de son activité, biologique, se concentre sur 17 hectares de vigne.
Pour lui, payer presque 8 euros un seul kilo d'abricots dans le commerce, ce n'est plus possible. "C’est incroyablement élevé", déplore Laurent, avant d'ajouter : "On est arrivé dans un système commercial qui est complètement aberrant et qui ne permet pas aux gens avec de faibles revenus d’accéder à des tarifs raisonnables". Avec son initiative, il espère aider un maximum de personnes dans le besoin.
Un impératif de qualité
Produire des abricots de bonne qualité. C'est aussi ce qui le pousse à vendre directement au consommateur, sans intermédiaire. "Depuis 20 ans, on me demande de ramasser les fruits verts pour des raisons de logistique. Ils doivent passer des heures de transport, en chambre froide, avant leur commercialisation", explique le paysan qui a observé la qualité de son produit se dégrader.
"Or, quand on mange un abricot, on doit en avoir plein la chemise. Ça doit couler de tous les côtés. Ce n’est pas ce que l’on voit dans le commerce", ajoute-t-il. C'est pourquoi, il a décidé il y a quelques années de réduire sa parcelle d'abricots de 15 à 3 hectares : produire moins, mais d'une meilleure manière.
La vente directe est particulièrement développée dans la région en raison de la présence d’importants bassins de consommation. En 2020, en Auvergne-Rhône-Alpes, elle concernait presque une exploitation sur trois et une sur deux lorsque la structure est conduite en agriculture biologique, selon les données de la Direction régionale de l'alimentation, de l'agriculture et de la forêt.
"Et puis, il y a une espèce de traçabilité induite. Les consommateurs sont rassurés. Ce sont eux qui auront vu leurs abricots, qui les auront choisis", avoue Laurent Habrard.
Renouer le lien entre producteur et consommateur
Plus qu'un choix, cette activité est l'occasion de s'informer et de nouer un lien entre le producteur et le consommateur. Qu'est-ce qu'un abricotier ? Où faut-il cueillir les abricots pour une meilleure qualité ? Des questions auxquelles l'agriculteur prend plaisir à répondre : "c'est hyper gratifiant de voir des personnes contentes pour des choses dont on n'a pas conscience qu'elles peuvent apporter de la joie".
Les années précédentes, des familles avec enfants se rendaient sur son exploitation pour le côté "ressourcing" et ludique de la cueillette. Dans le lot, deux profils se distinguaient selon Laurent. "Il y a des personnes qui vont aller au premier arbre et ramasser tout sur le même arbre, en vrac, et repartir avec une cagette d'un peu moins bonne qualité. Il y en a d'autres qui vont traverser les trois hectares à la recherche des meilleurs abricots possibles".
Les cueillettes démarrent ce vendredi 7 juillet pour une durée de deux semaines et déjà 300 personnes sont inscrites.