Ce mercredi 29 janvier, aux assises de la Drôme, une peine d'au moins 12 ans de réclusion a été requise contre le trentenaire qui avait blessé des militaires de l'opération Sentinelle en janvier 2016. L'homme avait lancé sa voiture sur les quatre soldats en faction près de la mosquée de Valence.
Raouf El Ayeb, 33 ans, père de famille franco-tunisien, comparaît devant la cour d'assises de la Drôme pour tentative d'homicide sur quatre militaires de l'opération Sentinelle. Le verdict est attendu dans la soirée après la plaidoirie de la défense.
Retenue un temps, la qualification "terroriste" a finalement été écartée pour ces faits survenus un an après l'attaque de Charlie Hebdo en janvier 2015 et deux mois après les attentats de Paris en novembre 2015.
"On ne va pas mettre tout ceci sur le dos de Raouf El Ayeb", a déclaré l'avocat général, Michel Coste, en préambule à son réquisitoire. Mais "il était déterminé par le contexte dans lequel nous nous trouvions", a ajouté le magistrat en rappelant le "vrombissement d'un moteur et le crissement des pneus" entendus par des témoins avant que la voiture de l'accusé percute la patrouille.
Motivations confuses et expertises psy contradictoires
Le 1er janvier 2016, l'accusé avait chargé à deux reprises les victimes qui patrouillaient sur le parking de la mosquée de Valence. Les militaires avaient riposté par des tirs après sommations, le touchant à un bras et aux jambes. Deux d'entre eux avaient été blessés légèrement et s'étaient vu reconnaître cinq et huit jours d'incapacité totale de travail.L'information judiciaire n'a pas établi que ce passage à l'acte avait été préparé dans le cadre d'une entreprise terroriste. Par la suite, Raouf El Ayeb a expliqué avoir voulu "taper" des militaires parce qu'il avait "les nerfs", puis se suicider par procuration en attaquant des soldats armés, avant de mettre son geste sur le compte de troubles mentaux.
L'accusé a fait l'objet de plusieurs expertises psychiatriques contradictoires sur son état au moment des faits, certaines concluant à l'altération voire à l'abolition de son discernement, un autre à son entière responsabilité pénale.
Dans son réquisitoire, l'avocat général a retenu l'altération du discernement, réduisant ainsi la peine encourue à 30 ans de réclusion au lieu de la perpétuité, avant de requérir "au moins 12 ans" de réclusion criminelle, sans réclamer de peine de sûreté.
Il a en revanche demandé aux jurés d'assortir la peine qu'ils prononceraient d'un suivi socio-judiciaire d'une durée de dix ans, dont la violation serait sanctionnée de cinq ans de prison supplémentaires.