Recours excessif à l'intérim médical, dérives financières non maîtrisées et dévoiement du service public. Le rapport de la chambre régionale des comptes publie un rapport accablant sur la gestion du centre hospitalier de Valence.
C'est un document de 95 pages qui se montre accablant pour la gestion du centre hospitalier de Valence. Le rapport de la chambre régionale des comptes a passé au peigne fin les dépenses du premier établissement de santé publique du département de la Drôme, dont le budget atteint 200 millions d'euros. Un hôpital qui emploie 2300 personnes dont 220 médecins seniors, mais qui recourt beaucoup trop souvent à l'intérim pour assurer son fonctionnement.
De nombreuses anomalies sont constatées. Des dépenses d’intérim médical anormalement élevées. Elles ont plus que doublé entre 2014 et 2016. On parle là de médecins remplaçants payés parfois…quatre fois plus que les titulaires. En clair, pour attirer des médecins, le Centre hospitalier de Valence est prêt à débourser beaucoup d’argent. Bien au-dessus du plafond fixé par la loi. Le rapport cite l’exemple d’un médecin remplaçant payé 650 euros net par jour, 4.500 euros par semaine. Les urgentistes et les anesthésistes sont pointés du doigt. Ils sont même qualifiés de médecins "mercenaires" par leurs propres confrères.
Un système dévoyé
Les dérives financières prendraient même une toute autre forme, qui remettrait en cause le principe même du service public. Selon les magistrats, à l’hôpital de Valence, des médecins titulaires se mettent en disponibilité « officiellement, pour convenances personnelles» Ils peuvent ainsi travailler ailleurs en tant que remplaçants cette fois. L'intérêt pour eux , une charge de travail réduite et une bien meilleure rémunération. Ces médecins exerçeraient parfois dans le même département, voire dans le même groupement hospitalier. Bref, un complément de rémunérations déguisé qui « met en péril l’intérêt du secteur public".
La chambre régionale des comptes s'est aussi intéressée à l'activité libérale des médecins hospitaliers. Selon ses conclusions, certains d’entre eux ont exercé une activité libérale à l’hôpital sans respecter le plafonnement des honoraires prévus par la loi. Et ce pendant plusieurs années. Les magistrats citent notamment un ophtalmologue ayant perçu plus 350 000 euros en 2015. La direction de l’hôpital n’aurait, dit le rapport, pris aucune décision pour faire cesser ces situations.
Autant de pratiques dévoyées qui contribuent à la dégradation des comptes de l'établissement depuis 2016 après trois années excédentaires. Il est donc recommandé à l'hôpital de mieux contrôler l'activité de ses médecins en remplissant les tableaux de service et de "respecter les régles de rémunération des pratriciens contractuels". La chambre des comptes encourage par ailleurs une coopération renforcée entre établissements pour limiter la concurrence et le recours à des médecins remplaçants.