Un préavis de grève est lancé et la colère gronde dans les hôpitaux Drôme Nord, qui regroupe plusieurs établissements entre Romans-sur-Isère et Saint-Vallier : un projet de la direction prévoit de revenir aux effectifs d'avant la pandémie de coronavirus, inacceptable pour les syndicats.
Des personnels des hôpitaux de Drôme-Nord étaient en grève lundi 29 mars pour refuser un projet de budget qui ferait revenir les effectifs salariés à ce qu'ils étaient avant la pandémie du Covid-19. Les hôpitaux Drôme-Nord regroupent deux sites, à Romans-sur-Isère et Saint-Vallier, pour un bassin de population d'environ 200.000 habitants.
Jusqu'à 133 personnels supplémentaires ont été recrutés en contrats courts ou en intérim (130 selon la direction) au plus fort de la crise à l'automne dernier. Mais un projet présenté lundi en comité technique d'établissement envisage de fixer les effectifs à environ 1.600 salariés pour l'ensemble des établissements.
133 postes sur la sellette
Selon Gilles Perrier, secrétaire générale de la CGT que nous avons pu joindre par téléphone, un rassemblement a été organisé devant l'établissement hier, "pour mettre un peu la pression." Selon lui, les 133 postes créés récemment seraient maintenant sur la sellette. Son syndicat aurait rappelé à la direction que la pandémie est loin d'être terminée, alors qu'elle souhaiterait revenir aux effectifs de 2019 ou 2020.
Un consensus aurait été trouvé depuis hier : la direction aurait accepté d'attendre la fin de l'épidémie et d'analyser la situation de chaque poste, au cas par cas selon le syndicat. La CGT rappelle qu'un plan de redressement avait déjà eu lieu "il y a 3 ou 4 ans", en fermant "une cinquantaine de lits". "Aujourd'hui, on a montré notre réactivité et notre utilité en montant des lits de réanimation alors que nous n'en avions pas" précise M. Perrier, qui attend de connaître la position de l'Agence Régionale de Santé.
"Un scénario pour l'après-crise qui tient la route"
"On affiche simplement pour le deuxième semestre, à la sortie espérée de l'épidémie, un retour aux effectifs de début 2020", affirme pour sa part Vincent Pégeot nommé directeur des hôpitaux de Drôme Nord il y a 3 mois, et qui précise qu'aucun poste de titulaire n'est supprimé, "une première en 10 ans". "Ce n'est pas un plan social, mais un scénario pour l'après-crise qui tient la route", appuie encore M. Pégeot. "Cela se fera de manière progressive, au gré des départs naturels de fin de mission".
Depuis le début de la crise sanitaire, les hôpitaux de Drôme Nord ont monté deux unités de réanimation et 3 services Covid, avec une capacité de 16 lits, très demandeurs en ressources humaines. "Cette configuration bodybuildée (...) n'a pas vocation à perdurer", selon le directeur qui préfère envisager à l'avenir un "plateau de soins critiques mutualisé avec d'autres activités comme la surveillance continue".
"On n'a pas les moyens"
Un mauvais calcul pour le représentant CGT. "On manque déjà de soignants, ces métiers ne sont pas attractifs. Si on remercie ceux qui sont là et que dans quelques temps on a, à nouveau, besoin d'eux, je ne suis pas sûr qu'ils reviendront", affirme M.Perrier.
"Le débat est légitime, mais hors mesures salariales et hors plan d'investissement (du Ségur de la Santé), le budget voté au plan national pour le financement de l'hôpital progresse faiblement. Je dois faire avec cette réalité", concède le directeur.
Selon la CGT le déficit de l'hôpital annoncé serait de 12 millions d'euros cette année, et 18 millions l'année prochaine. "Qu'on nous donne les moyens de remplir notre mission" lance le délégué syndical: "On a une importance, mais on n'a pas les moyens pour répondre aux attentes de la population."
Une Commission Médicale d'Etablissement doit avoir lieu mercredi 31 mars. Le préavis de grève est maintenu pour l'instant par les syndicats.