Depuis le 17 novembre, les magasiniers de Leroy-Merlin de toute la France sont en grève pour demander une revalorisation salariale. A Porte-les-Valence, l'un des grévistes a fait deux tentatives d'immolation par le feu.
A Valence (Drôme) les magasiniers de Leroy-Merlin sont en grève depuis le 17 novembre 2021, comme beaucoup de leurs homologues partout en France.
"On considère que les salaires de base sont médiocres. Suites aux (excellents) résultats sortis en octobre, on a décidé de montrer notre mécontentement", explique Bilel Herzri, le délégué central CFDT-Centre de Leroy Merlin. "La direction nous a proposé 2% d'augmentation cette année, cela ne couvre même pas l'inflation", poursuit-il.
Deux tentatives d'immolation
Une situation qui a poussé l'un des employés à tenter par deux fois de s'immoler par le feu en une semaine. Une première fois jeudi 18 novembre, la seconde lundi 24. Les deux fois, ses collègues l'ont retenu juste avant son passage à l'acte. "J’en pouvais plus. Il y avait un bidon à côté de moi et je suis passé à l’acte. Ce n’est pas du tout évident. On arrive plus à s’en sortir" nous explique-t-il.
Il explique ne plus réussir à s'en sortir financièrement. "Je suis divorcé et quand je vois mes enfants pendant les vacances, je ne peux pas les emmener en vacances. J'ai deux collègues qui vivent dans leur voiture, on est tout le temps dans le rouge" nous dit-il avant de couper l'interview, submerger par l'émotion.
Une direction "ouverte au dialogue"
Marc Renaud, le directeur de la communication de Leroy-Merlin France, affirme que l'entreprise est ouverte au dialogue. "On respecte le mouvement social et on est à l’écoute. Il y a effectivement des situations financières tendues et on le comprend tout à fait. Avec l’augmentation des prix de l’énergie, le coût de la vie en général c’est un climat social en France qui est incertain", explique-t-il.
Il souligne que les syndicats n'ont pas signé les procès-verbaux des dernières négociations annuelles obligatoires qui proposent une augmentation générale de 2% pour couvrir l’inflation (qui serait de 1,5% selon eux alors que la Banque Centrale Européenne estime qu'elle devrait être supérieure à 2% en 2021).
Marc Renaud ajoute que, sur les 5 dernières années, les collaborateurs ont pu bénéficier de primes leur permettant d'atteindre une rémunération équivalente à "16 à 18 mois de salaire par an".
"On peut avoir 16/18 mois par an mais combien ont eu les patrons ? On parle de milliards d’euros", répond Bilel Herzi. "C’est juste la répartitions qui nous parait inéquitable. Avec 10-11 ans d’expérience dans la logistique on est encore à 1200 euros par mois. On ne demande pas à vivre, on demande à survivre et pour le moment on y arrive même pas."
Direction et syndicat doivent se rencontrer en début de semaine prochaine pour négocier la fin de la grève.