Un détenu a été surpris en train de se filmer dans une piscine. Au-delà de l'étonnement et des éventuelles sanctions, les personnels s'interrogent. Comment une piscine gonflable a-t-elle pu atterrir en prison ? La question des drones qui "livrent" des marchandises se pose à nouveau.
" Il faisait chaud ce jour-là". Jeremy Moncelon n'en revient toujours pas. Il est secrétaire local du syndicat FO Justice à Valence. La semaine dernière, ses collègues lui ont raconté une histoire " inattendue". " Avec le suivi réalisé sur les réseaux sociaux, les collègues ont vu qu'un détenu se filmait dans une piscine gonflable installée dans la cellule" raconte-t-il.
Coup de chaud ? Provocation ? Ennui ? Quoi qu'il en soit, la détention d'objets de ce genre est interdite en milieu carcéral. La cellule du détenu a été entièrement fouillée et la piscine saisie. Il risque de comparaitre devant une commission de discipline. Par ailleurs, le syndicat rappelle qu'il y a quelques jours, un surveillant a été agressé par un détenu déjà signalé" pour sa dangerosité" au sein du même centre.
"À quand la crème solaire ?"
Agacé, le syndicat FO Justice a donc rédigé un communiqué. Il débute en ces termes, teintés d'ironie et de colère : " entre chaleur, agressions et piscine, à quand la crème solaire ?" Il pose aussi plusieurs questions. " Comment une piscine arrive en cellule ? À quand la découverte d'arme ou autre ?" Peut-on lire. Difficile, pour l'heure, de savoir comment la piscine a pu rentrer. Le plastique ne sonne pas aux portiques de détection aux entrées de l'établissement. Il se peut aussi que d'autres moyens soient utilisés. Comme " les livraisons" par drone. Le syndicat en profite pour réclamer des moyens.
Certains centres pénitentiaires expérimentent les brouilleurs anti-drones, comme à Grenoble. On demande d'accentuer la mise en place de ces systèmes. Que l'on passe de l'expérimentation à la mise en œuvre.
Jeremy Moncelon, secrétaire local FO Justice à Valence
Quatre survols de drone au-dessus de la prison de Valence
De son côté, la direction interrégionale des services pénitentiaires, que nous avons contactée, explique qu'elle n'apportera pas de réponse particulière au communiqué du syndicat. Mais, elle rappelle que cinq centres sont dotés de brouilleurs de drones. Il s'agit des prisons de Aiton (en Savoie), de Bourg-en-Bresse, Grenoble, Moulins et Villefranche. La prison de Valence n'en possède pas. La direction détaille les chiffres des survols. " Sur l’année en cours, le centre pénitentiaire de Valence en totalise quatre sur les 217 recensés à la mi-août sur les 19 établissements pénitentiaires de la région."
Le phénomène se généralise et " aucune prison n'y échappe", selon le directeur de la pénitentiaire en région. Selon le ministère de la Justice, 600 tentatives de survol ont été enregistrées depuis le début de l'année sur l'ensemble des prisons françaises. Pas sûr que la piscine du détenu soit vraiment arrivée par les airs.