Une cadre de Pôle emploi tuée à Valence, deux DRH abattus par balle et un troisième blessé, Gabriel Fortin comparaîtra en juin à Valence pour trois assassinats et une tentative d'assassinat. A l'approche de ce procès hors norme, deux syndicats de Pôle emploi tirent la sonnette d'alarme face aux agressions dont sont victimes les salariés.
Les syndicats FO et SNU de Pôle Emploi ont décidé de déclencher un droit d'alerte pour "Danger Grave et Imminent". Une décision face à "l'ampleur de la problématique en matière d'agressions envers tous les agents en situation de réception du public", ont indiqué les syndicats dans un communiqué. Les syndicats reprochent un manque de "mesures adéquates et efficaces" prises par Pôle emploi.
Le droit d'alerte pour danger grave et imminent permet aux élus de déclencher une enquête conjointe avec l'employeur. En cas de désaccord, un inspecteur du travail est sollicité, qui peut saisir le tribunal judiciaire.
Les agents de Pôle emploi seraient "exposés à une augmentation sans précédent d'expressions d'intentions suicidaires et de souffrances de demandeurs d'emploi signalés avec des effets et des atteintes à leur santé au travail.", indique le communiqué. Une situation qui ferait peser des risques pour la santé et la sécurité des agents, face à " de graves agressions verbales, physiques, comportementales, des incivilités de la part des usagers".
"L'agression de trop"
Une décision nationale qui a fait réagir Hervé Gerbi, l'avocat des sœurs de Patricia Pasquion, cadre au Pôle Emploi de Valence, tuée par Gabriel Fortin en 2021. "Nous espérons que cette procédure permettra de rapidement trouver des solutions pour assurer la sécurité des agents pôle emploi dans un contexte économique et social difficile."
La famille Pasquion avait porté plainte contre x : visant les manquements de pôle emploi. Selon l'avocat, "c'était l'agression de trop, symbolique des risques d'agression récurrentes" .
Le procès de Gabriel Fortin se tiendra en juin 2023, à la cour d'assises de la Drôme. L'ingénieur de 45 ans sans emploi, surnommé le tueur de DRH, comparaîtra pour trois assassinats et une tentative d'assassinat.
Le "tueur de DRH"
Le 26 janvier 2021, il avait tué Estelle Luce sur le parking de son entreprise près de Colmar. Le même jour, toujours dans le Haut-Rhin, un autre DRH, Bertrand M. avait échappé à la mort. Il s'était fait tirer dessus sans avoir été atteint.
Avant de se faire licencier, Gabriel Fortin était ingénieur dans l'entreprise alsacienne dans laquelle travaillaient les deux DRH.
Le 28 janvier 2021, il vise cette fois Patricia Pasquion, cadre au Pôle Emploi de Valence. Gabriel Fortin était inscrit dans l'agence Pôle Emploi de Valence et vait été radié en 2013.
Sa dernière victime, Géraldine Caclin, était aussi DRH dans l'entreprise de Guilherand-Granges en Ardèche pour laquelle il avait travaillé comme ingénieur de 2008 à 2010 avant d'être licencié.
Au cours des reconstitutions, Gabriel Fortin était resté mutique, et avait refusé de descendre du camion pénitentiaire.