Du césium 137 émis par la centrale ukrainienne de Tchernobyl est toujours présent notamment dans les sols des Alpes, 30 ans après la catastrophe, rappelle la Commission de recherche et d'information indépendantes sur la radioactivité (Criirad).
La Criirad est née en mai 1986, au lendemain de l'explosion de la centrale nucléaire de Tchernobyl, à l'initiative d'un groupe de citoyens révoltés "par les mensonges officiels" et voulant connaître la vérité sur la contamination réelle du territoire français. 30 ans plus tard, le laboratoire indépendant, explique avoir mené en 2014 et 2015 des campagnes de carottages de sol en Alsace et en Rhône-Alpes.
Celles-ci ont montré que le césium 137, -principale source de radioactivité des déchets des réacteurs nucléaires-, "est toujours présent dans la couche superficielle des sols (en moyenne, environ 80% du césium 137 se trouve dans les strates de 0 à 20 centimètres)".
Les 5 et 6 juillet 2015, la Criirad a également procédé à des mesures de radioactivité dans les Alpes, dans le Parc national du Mercantour, entre 2.440 et 2.540 mètres d'altitude, et des concentrations élevées de Césium ont aussi été répertoriées.
Après des carottages de sol effectuées de 1987 à 1993, la Criirad avait créé une carte montrant que les retombées moyennes réelles en césium 137 étaient au moins 100 fois plus importantes que celles officiellement annoncées par l'Etat et qu'elles dépassaient 10.000 becquerel/mètre carré dans des communes de toute la façade Est de la France.
Après l'accident de Tchernobyl, "la France a été le seul pays à n'avoir pas pris des mesures sanitaires" de protection des population, comme l'interdiction de consommer de lait ou certains légumes, alors que les pays voisins avaient pris des précaution, relève la Criirad, "30 ans après, aucun service de l'Etat n'a reconnu qu'il aurait fallu prendre des mesures de protection sanitaire. Tant que ce ne sera pas reconnu, c'est inquiétant. Est-ce que l'Etat reproduirait la même chose en cas de nouvelle catastrophe?", s'interroge la labo.
Interview de Roland Desbordes, actuel président de la CRIIRAD
De son côté, l'Association pour le contrôle de la radioactivité a dressé des constats similaires avec jusqu'à 38.700 becquerels/kg dans le massif des Ecrins, 26.500 dans le flanc nord du col du Galibier et jusqu'à 68.000 au Col du Restefond dans les Alpes-de-Haute-Provence et même plus de 100.000 dans le parc voisin du Mercantour! En plaine également, si les chiffres sont moins impressionnants, ils restent inquiétants: l'Acro a par exemple mesuré 70bq/kg en Isère.