Le musée de Grenoble présente une riche collection d'oeuvres de Sigmar Polke, l'un des plus grands artistes allemands de l'après-guerre, dans une exposition inédite depuis sa mort en 2010.
Près de 70 tableaux et une cinquantaine d'oeuvres sur papier réalisés durant les 30 dernières années de la vie du peintre sont exposés selon un parcours chronologique. Il s'agit de la plus grande exposition depuis la mort de l'artiste à l'âge de 69 ans des suites d'un cancer, et de la plus grande en France depuis 1994, selon le musée.
L'exposition s'ouvre par une série de 11 photographies baptisées Les Olgas (1981) représentant des cavités creusées dans des montagnes australiennes, comme autant de sexes féminins. "C'est comme un chant à la création", décrit Guy Tosatto, directeur du musée, en vantant "le regard humoristique, l'ironie" de Polke. Cofondateur du Réalisme capitaliste, réponse critique au "réalisme socialiste" et au Pop Art américain, cet Allemand de l'Est passé à l'Ouest donne souvent des titres décalés à ses oeuvres, à l'instar d'"On voit bien ce que c'est" (1984), travail à partir d'une photo agrandie.
L'exposition explore aussi "l'alchimie des formes et des couleurs qui fascinait tant Sigmar Polke", selon les mots de Guy Tosatto. Se servant de nappes, de tissus, de rideaux, le peintre allemand "veut inventer une nouvelle couleur, une nouvelle façon de peindre qui résume la peinture et la porte ailleurs", résume le conservateur. Du fait des matériaux utilisés, certains tableaux comme "Homme noir" (1982) ont continué à "vivre leur vie", voyant leurs couleurs évoluer après l'intervention de l'artiste.
L'exposition doit durer jusqu'au 2 février 2014. Deux des tableaux présentés à Grenoble rejoindront ensuite le Museum of Modern Art (MoMA) de New York pour une grande rétrospective réunissant environ 300 oeuvres en avril 2014.