À Grenoble, les épaves antiques s’offrent un bain de jouvence

Depuis les années 70, le laboratoire grenoblois ARC-Nucléart assure la conservation d'épaves antiques longtemps enfouies et menacées par leur soudaine exposition à l'air une fois découvertes. Son dernier chantier: un bateau mis à flot il y a 2.000 ans à Lyon.

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C'est dans un atelier discret, au cœur du site du Commissariat à l'énergie atomique, que repose un imposant chaland gallo-romain du 2e siècle de notre ère, baptisé "Lyon Saint-Georges 4". Sa restauration vient de s'achever après deux ans et demi de travaux, pour un budget de 2,5 millions d'euros.

Il avait été mis au jour en 2003 dans le quartier historique du Vieux-Lyon, en bord de Saône, sur le site d'une ancienne casse à bateaux où un parking était en train d'être creusé. Quinze autres épaves dont six d'époque antique et une pirogue du 12e siècle avaient également été sorties de terre.

Long d'une quinzaine de mètres, contre une trentaine à l'origine, et large de cinq mètres, ce bateau à fond plat - sans quille - qui pouvait transporter quelque 55 tonnes de marchandises, était vraisemblablement destiné au commerce fluvial sur le Rhône. Sur le bordé (l'ensemble des parties composant la coque, NDLR), d'émouvantes traces de hache millénaires témoignent de l'époque.

Si le chaland a révélé cet étonnant état de conservation lors de sa découverte, "c'est parce qu'il a bénéficié d'un enfouissement dit anaérobique (sans oxygène), sans lumière et qu'il a été drainé en continu par l'eau de la Saône. Et quand on expose un bois gorgé d'eau à l'air, il tombe en poussière", explique Marc Guyon, de l'Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap), qui a piloté conjointement le projet avec ARC-Nucléart.

Le site de Grenoble a déjà accueilli une vingtaine d'autres bateaux antiques dont un précédent chaland gallo-romain, cette fois de 31 mètres, découvert à Arles (Bouches-du-Rhône) en 2004.


Le chaland, exposé en 2020


"Nous sommes les seuls en France à disposer d'installations de taille suffisante pour pouvoir traiter ces bateaux à la fois en les imprégnant de résine (qui remplace l'eau dans le bois et le renforce, NDLR) et par lyophilisation (qui sèche la vapeur d'eau sous vide)", souligne Karine Froment, directrice de l'Atelier régional de conservation (ARC) Nucléart, qui dispose à cette fin de larges cuves et de deux gros caissons dans un espace de 3.000 m2. Une douzaine de spécialistes ont travaillé en permanence sur le bateau lyonnais.

En fonction de leur taille, les pièces du bateau ont été plongées pendant plusieurs mois dans un mélange de résine de polyéthylène glycol (PEG), avant d'être congelées à moins trente degrés puis lyophilisées sans qu'elles se soient déformées. "Quand le traitement à la résine PEG n'est pas suffisant pour consolider le bois, on a recours à un traitement complémentaire, le traitement Nucléart, dans lequel on imprègne une nouvelle résine, un mélange styrène-polyester, qui va durcir par polymérisation sous rayonnements gamma, dans un irradiateur installé dans nos locaux", précise Karine Froment. Mais ce dernier procédé n'est pas réversible et n'a été utilisé sur le chaland que pour les pièces les plus dégradées situées à l'avant de l'embarcation, très abîmé. Propriété de la Métropole de Lyon, le chaland doit être exposé d'ici à 2020 au musée gallo-romain de la ville.
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