A Grenoble, le projet de rénovation de la Villeneuve a des "pour" et des "contre"

La cité expérimentale des années 70 est au coeur d'un vaste projet de rénovation urbaine, destiné à y faire revenir les classes moyennes. Problème, une partie de ses habitants y est fortement opposée. 

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Traumatisée par les émeutes de 2010, la Villeneuve de Grenoble fait peau neuve. "Changer l'image du quartier", le rendre "plus ouvert et plus accessible" sans pour autant abandonner "le projet utopique des années 60", tel est l'esprit des travaux lancés en octobre par la ville de Grenoble, c'est ce qu'explique l'adjoint au maire, Jérôme Safar.

D'un coût de 78,5 millions d'euros, le projet porte plus particulièrement sur la partie ouest de la Villeneuve, baptisée "L'Arlequin" en raison de ses façades bigarrées. Ensemble d'immeubles sur pilotis reliés par une galerie piétonne, l'Arlequin fut en juillet 2010 le théâtre d'émeutes urbaines ayant entraîné le discours de Grenoble de Nicolas Sarkozy.

La cité expérimentale des années 70, avec ses écoles sans grillage, sa télé de quartier et sa collecte d'ordures par pneumatique, est devenue en 40 ans un quartier sensible.

Un appartement à l'Arlequin se vend actuellement 1 100 euros le mètre carré contre 2 700 euros en moyenne à Grenoble. "Pendant 12 ans, sous la municipalité de droite d'Alain Carignon, on y a entassé tous les gens qu'on ne voulait pas ailleurs", explique Jean-François Parent, un des urbanistes à l'origine du quartier. "En outre, on a laissé se dégrader une partie des logements et des équipements", ajoute-t-il. 

La Villeneuve garde néanmoins de beaux restes de son âge d'or, un immense parc interdit aux voitures et des appartements extrêmement chaleureux, construits en duplex ou triplex avec une double exposition sur les massifs environnants.


A travers la réhabilitation du quartier, la ville, aidée par les collectivités locales et l'Anru (Agence nationale pour la rénovation urbaine), espère y "attirer à nouveau les jeunes ménages" et renouer ainsi avec l'idéal de mixité sociale des origines, explique Christophe Romero, directeur du projet de rénovation urbaine. L'objectif est ainsi de parvenir à 50% de logements sociaux, contre 78% aujourd'hui.

Le projet passe par la création de nouveaux halls d'immeubles, l'installation de cages d'ascenseurs supplémentaires et la rénovation profonde de 240 logements (sur 1 800) qui verront leur consommation d'énergie réduite par deux. Ce test "grandeur nature" sur une partie des immeubles a vocation à s'étendre à l'ensemble du quartier, une fois réunis les financements nécessaires: quelque 150 millions d'euros au total d'ici à 2020, selon M. Romero.

Les premiers travaux ont commencé par la destruction d'énormes parkings silos en béton, formant une sorte de rempart autour d'un quartier, conçu pour fonctionner en quasi autarcie.

Ce projet n'est pas du goût de tous : 


A terme, la ville veut installer une nouvelle "entrée de quartier" le long du tramway, en y construisant équipements sportifs, locaux destinés à la jeunesse et commerces.
Dans cette optique, une des opérations les plus contestées est la démolition de l'immeuble du numéro 50 de la galerie de l'Arlequin "pour ouvrir une perspective sur le parc", selon les mots de Christophe Romero. Un collectif d'habitants "Vivre à Villeneuve", soucieux de protéger les logements et le patrimoine architectural du quartier, a saisi la justice administrative pour faire annuler l'avis de démolition.

"Démolir 70 logements sociaux c'est idiot quand il y a 10 000 demandes dans l'agglomération", regrette Jean-François Parent, qui dénonce une "opération de communication". "Il faut désenclaver la Villeneuve, certes, mais pas en 'pétant' des morceaux d'immeubles", estime aussi Marie-Christine Couic, qui a travaillé plus de dix ans sur ce quartier avec le collectif Bazar Urbain. Fustigeant la "vision haussmanienne" du projet, l'urbaniste suggère de consacrer plus de moyens à la création d'emplois locaux, à la réouverture de commerces ou à l'animation culturelle.

Suscitant peu d'enthousiasme chez les habitants, le projet actuel risque en outre d'être ralenti par les nombreuses copropriétés qui parsèment le quartier et compliquent la prise de décision en cas de travaux. "D'un point de vue juridique, architectural et urbain, c'est un des projets les plus complexes auxquels nous sommes confrontés", reconnaît Nancy Chenu, chargée de mission à l'Anru. "Mais on a aussi des atouts avec le tram et un parc magnifique", nuance-t-elle.

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