Au terme de 6 mois d'enquête, les gendarmes de la Section de recherches de Grenoble ont opéré un vaste coup de filet chez quatre collectionneurs passionnés d'armes. Ils ont été interpellés. Deux d'entre eux ont été relâchés, les deux autres ont été mis en examen au terme d'une garde à vue.
C'est un énorme travail que les limiers de la Section de recherches ont fourni pour remonter les filières de ces passionnés d'armes. Des passionnés qui écument les sites Internet pour alimenter leurs collections. Des sites souvent hébergés à l'étranger et notamment vers l'Europe de l'Est qui regorge d'armes mises sur le marché après les conflits.
Il est ainsi possible d'acquérir très facilement l'équivalent d'une Kalachnikov pour 500 euros, une arme pas forcement neutralisée. Expédiée en plusieurs colis, elle peut atterrir sur le sol français et garnir la collection d'un passionné. Si ce passionné ne fait alors pas les démarches pour se mettre en règle, déclarer l'arme et la démilitariser, il est totalement hors la loi.
Il peut aussi, et en toute bonne foi, pour alimenter son fond de caisse, revendre cette arme sur un autre site internet ou lors d'une bourse d'échange, et alimenter, sans le savoir, les réseaux terroristes ou criminels organisés.
Reportage Cédric Picaud et Jean-Pierre Rivet
Dans le contexte actuel, les autorités ont à coeur de faire le ménage et de retirer du marché ces armes potentiellement très dangereuses.
Ainsi, quand les gendarmes de la SR de Grenoble ont débarqué aux domiciles des quatre personnes qui avaient éveillé leurs soupçons, ils ont trouvé 500 munitions et surtout 3 armes de guerre achetées en Slovaquie dont Le Dauphiné Libéré donne le détail.
Selon une source proche de l'enquête contactée par France 3 Alpes, l'un des appartements était rempli d'armes. Il y en avait dans toutes les pièces, sur tous les murs, chez ce collectionneur sans casier judiciaire, avec une famille et un emploi et disposant d'une licence à jour dans un club de tir.
Une législation variable d'un pays à l'autre
Les gendarmes vont devoir maintenant expertiser les armes et évaluer "leur degré de démilitarisation" car la législation varie énormément selon les pays. Elle est beaucoup plus souple en Europe de l'Est.En France, il y a 3 grands points à respecter pour neutraliser une arme. Il est impératif de boucher et percer le canon, ce qui, bien sûr, "défigure une arme", explique un spécialiste. Il faut aussi neutraliser la culasse. Enfin, si l'arme est équipée d'un sélecteur de tir, il doit lui aussi être neutralisé. Ce processus doit être effectué par un armurier agrée.
En Europe de l'Est, il suffit de mettre une goupille sur le canon et la culasse, et le tour est joué. L'arme peut ainsi très facilement resservir. D'ailleurs, les équipes de cinéma en font souvent l'acquisition pour les tournages de film car ces armes gardent les caractéristiques acoustiques des engins originels.
Les deux personnes mises en examen pour "importation sans autorisation préalable d'armes et de munitions" et pour "détention, acquisition et cession d'armes et de munitions" ont été laissées libres au terme de leur garde à vue mais placées sous contrôle judiciaire.