Depuis le début du confinement lié au coronavirus COVID 19, les plateformes « Allo Ecoute Ado » et « Allo Ecoute Parents », au Puy-en-Velay (Haute-Loire), reçoivent plus d’appels et surtout des appels plus lourds. Elles proposent une première écoute aux adolescents et aux parents en difficulté.
« Depuis quelques jours, les appels sont un peu plus nombreux et surtout plus lourds », constate Marie Legrand, responsable du pôle santé-éducation à l’association des Pupilles de l’Enseignement Public de Haute-Loire (PEP 43). Les effets du confinement lié au coronavirus ont été décalés, mais, depuis une quinzaine de jours, l’association perçoit la réaction psychologique des parents et des adolescents en détresse sur ses deux numéros d’appel.Une première écoute et une orientation
La plateforme « Allo Ecoute Ado » a été mise en place il y a une vingtaine d’années à l’initiative des PEP 43 pour apporter une première écoute à des jeunes de 11 à 25 ans. Ils peuvent appeler le 06 12 20 34 71 mais aussi échanger sur un forum sur internet. Plus récemment, il y a 6 ans, l’association a lancé une autre plateforme pour les parents, « Allo Ecoute Parents » au 06 01 18 40 36.
Depuis le début du confinement, le 17 mars 2020, des permanences sont assurées du lundi au samedi de 14 à 17 heures. Deux psychologues et un médiateur social se relaient pour écouter et orienter les adolescents et leurs parents de façon gratuite, anonyme et confidentielle.
« En ce moment, nous recevons 5 appels d’adolescents et de un à trois appels de parents chaque jour, un peu plus que d'habitude », explique l’un de ces écoutants. « Avec les parents, les appels peuvent facilement durer d’une demi-heure à une heure. Nous observons que le nombre d’appels en absence, lorsque nous sommes déjà en communication, augmente aussi », relève cette psychologue.
Besoin de « vider leur sac »
« Ce sont plutôt les mères qui font le numéro d’ Allo Ecoute Parents, dit-elle, parfois cela concerne un problème de garde d’enfants, parfois un problème de communication avec leur ado. Elles vivent un moment de crise et ont besoin de vider leur sac, de s’exprimer. Nous avons beaucoup d’appels de mamans monoparentales avec beaucoup de solitude ».
Elle poursuit : « Notre rôle est de bien écouter et de comprendre les enjeux, voir quels sont les appuis de cette personne en détresse pour bien l’orienter, vers les services sociaux, une association contre les violences faites aux femmes ou la police par exemple. Parfois ces mères sont sous le choc quand elles appellent, c'est le cas lorsqu’elles ont à faire à un ado en crise ». Avec le confinement, la psychologue constate que les situations exposées sont plus violentes, qu’il y a aussi plus de passages à l’acte.
Le confinement accentue des problématiques antérieures
D’après Marie Legrand : « Le contexte de crise fait émerger des tensions qui étaient anodines ou mises de côté avant, conflit familial, incompréhension entre parent et enfant, gestion problématique de la garde partagée, violence, épuisement général ».
Chez les jeunes adultes aussi, ce contexte particulier peut être générateur d’angoisses.
« Chez certains ados, le confinement et la réduction de la vie sociale accentuent les angoisses provoquant des questions sur l’avenir, sur la reprise de l’école par exemple », explique la psychologue. « Il peut y avoir une chute de l’estime de soi, une inquiétude pour l’après, la sortie, une peur de retrouver les autres. Les peurs qui étaient là sont encore plus fortes ».
En général, les parents appellent rarement plusieurs fois ; en revanche, les écoutants ont « un noyau d’habitués » chez les adolescents qu'ils accompagnent sur une période plus ou moins longue par téléphone mais aussi sur le forum du site internet www.alloecouteado.org.
« Par écrit, ce n’est pas la même demande, les jeunes se racontent ; au téléphone ça correspond plus à un moment de crise », avance la psychologue qui note aussi que les appels et les messages viennent en général plus des filles que des garçons
« Allo Ecoute Ado » et « Allo Ecoute Parents » référencés par SOS Confinement
L’an dernier, « Allo Ecoute Ado » a reçu 1828 appels (et n’a pu en traiter que 371 lors de ses permanences), ainsi que 2916 messages sur son forum.
Les sujets qui reviennent le plus , en temps « ordinaire », sont liés au mal être, aux idées noires, à la famille et à la scolarité.
Plus récente, la plateforme téléphonique « Allo Ecoute Parents » a, de son côté, reçu 456 appels dont 87 ont pu être pris en compte lors des permanences.
Les appelants (jeunes ou parents) sont originaires du département de Haute-Loire, siège de l’association, mais aussi de toute la France (Paris, Lyon en particulier), voire de l’étranger.
« Nous sommes plus connus dans notre territoire parce que nous avons lancé des campagnes de communication mais nos numéros d’appel n’ont pas de limite géographique », affirme la salariée dont l’association organise aussi des campagnes de prévention dans les collèges, lycées et lycées agricoles de Haute-Loire, du Puy-de-Dôme, de la Loire et du Cantal.
Depuis ce lundi 27 avril, l’association est référencée sur la plateforme nationale « SOS Confinement » (0 800 19 00 00) mise en place par le SAMU Social de Paris pour désengorger les services d’urgence au regard de la crise sanitaire. Elle s’attend à recevoir encore plus d’appels, auxquels elle devra faire face avec ses trois écoutants et ses petits moyens.