Il s'appelait Erich Shwam. Son histoire a fait le tour du monde. En 2020, il a légué toute sa fortune au Chambon-sur-Lignon en Haute-Loire. Fuyant les nazis, la famille Shwam y a trouvé refuge pendant la Seconde Guerre mondiale. Le film de Jérome Lévy nous emmène sur les traces d'Erich Shwam et raconte en filigrane, l'histoire du village des Justes.
Sur la photo, c'est un ado souriant. Erich Shwam pose au Chambon-sur-Lignon en Haute-Loire où, de 1943 à 1949, il a trouvé refuge avec ses parents.
Il peut enfin sourire. Car avant d'arriver en France le voyage a été long. Les Shwam, juifs autrichiens vivent à Vienne. Le père est médecin dans un quartier cossu. La famille possède plusieurs immeubles. Et si la vie est douce, elle ne le restera pas longtemps. Avec l'arrivée d'Hitler au pouvoir et l'annexion de l'Autriche en 1938, elle devient un enfer pour les Juifs. Les Shwam sont obligés de quitter leur quartier résidentiel pour un autre où sont regroupés les Juifs.
En 1939, la famille quitte l'Autriche pour la Belgique, puis la Belgique pour la France, en passant par les camps : celui des Milles près de Marseille pour le père, celui de Rivesaltes pour Erich et sa mère. En février 1943, aidés par la Croix-Rouge suisse, ils arrivent sur le plateau du Vivarais.
A la fin de la guerre, les parents d'Erich repartent en Autriche, lui reste en France. Après son bac obtenu au Chambon-sur-Lignon, il part à Lyon. Naturalisé français en 1957, il sera désormais pharmacien.
A sa mort en 2020, il lègue plus de 3 millions d'euros au village. Toute sa fortune. Il veut soutenir l'avenir des enfants : "C'est le futur de la commune qui me mobilise", dira-t-il quelques années auparavant à Eliane Wauquiez, alors maire du Chambon.
De l'Autriche à la Haute-Loire, le film de Jérôme Lévy, commenté par Jean-Luc Hees, parle de faire le bien. Discrètement.
D'Erich Shwam intime, on ne sait pas grand-chose. Le réalisateur, au fil de son enquête de près d'un an, rapporte de ses rencontres, des qualificatifs : " Calme, posé et beau gosse", pour un ancien camarade de classe, " Très réservé " pour un de ses voisins de la Tour-de-Salvagny (Rhône), " Courtois et aimable" pour Eliane Wauquiez.
L'effet de surprise passé, la commune du Chambon-sur-Lignon, investit ce legs selon les volontés d'Erich Shwam : réfection des écoles, des lieux de sports, fonds pour aider les jeunes dans leurs études supérieures.
La nouvelle équipe municipale s'engage à honorer à sa mémoire. L'histoire d'Erich Shwam est désormais enseignée au collège. Une expo lui est consacrée au musée. Car le plus important, dans le seul village français honoré du titre de "Justes parmi les nations", est de faire perdurer la tradition d'accueil. En discrétion...
"Le Chambon-sur-Lignon, un legs pour l'Histoire" de Jérôme Lévy, coproduit par la Camera subjective et france télévisions, à voir le jeudi 9 juin à 23H05 dans la case documentaire La France en vrai sur france3 Auvergne-Rhône-Alpes.