Le procès en appel de Cécile Bourgeon et de son ancien compagnon Berkane Makhlouf a débuté lundi 9 octobre aux assises de Haute-Loire, au Puy-en-Velay. La cour va tenter pendant 2 semaines de savoir ce qui est arrivé à la petite Fiona. Un drame sur fond de drogue.
Pendant deux semaines, la cour d’assises de Haute-Loire va tenter de percer le mystère de la mort de la petite Fiona. Sur le banc des accusés : Cécile Bourgeon et son ex-compagnon Berkane Makhlouf qui comparaissent pour violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner. Que s’est-il passé ? Comment la fillette est-telle morte ? Où son corps a-t-il été dissimulé ? Des questions restées, pour l’heure, sans réponse. Un couple qui justifie son amnésie par la drogue. « Moi et Berkane, on était polytoxicomanes à fond, on n'était plus nous-mêmes » affirmait Cécile Bourgeon aux premières heures du procès.
Lors de leur garde à vue, Cécile Bourgeon et Berkane Makhlouf avaient tous deux déclaré avoir découvert Fiona morte dans son lit, le matin du 13 mai 2013. L’enfant avait un hématome sur la tempe. Dans sa déposition, la mère de la fillette niait toute violence sur sa fille et insistait notamment sur les drogues qu’elle consommait.
Pourquoi les deux accusés ne se rappellent-ils pas de l’endroit où a été enterré le corps de Fiona ? « Les amnésies véritables sont vécues de façon angoissante Pourtant Cécile Bourgeon déclare avec force que ce n'est pas elle qui a porté les coups (...) Plutôt qu'une pathologie de la mémoire, il s'agirait plutôt d'un réflexe défensif pour ne pas faire face aux événements qu'elle a vécus » concluent des experts psychologiques.
Seule certitude, l’omniprésence de la drogue dans le quotidien de ce couple. A l’âge de 17 ans, Berkane Makhlouf consomme déjà de la cocaïne, de l’héroïne et du LSD, ce qui fera dire au président : « La drogue est en quelque sorte devenue la ligne directrice de votre vie ». Ses anciennes compagnes témoignent de son addiction aux drogues dures. Son frère également. Il se souvient de son état lorsqu’il était en manque : « il avait le teint livide, les yeux qui sortaient, la bave aux lèvres. Sa violence viendrait de son manque. Ces gens-là, ils seraient prêts à tout, genre à braquer une pharmacie pour avoir leurs produits ».
Vous ne connaissez rien au milieu des camés!
Luc, beau-père de Cécile Bourgeon, raconte aussi un épisode où il a dû accompagner Berkane Makhlouf à la pharmacie, car il lui manquait de la méthadone, produit de substitution à l'héroïne. Arrivé dans le commerce, on lui a fait comprendre que le produit ne pouvait être délivré qu'avec une ordonnance. "Il en a fait tout un scandale, il a fait une crise lorsqu'il a compris qu'il ne pouvait pas avoir sa méthadone ».
La drogue qui, selon Cécile Bourgeon, avait également altéré ses relations avec le reste de sa famille. Et lorsqu’on lui demande si c’est à cause de Berkane Makhlouf qu’elle avait rompu tout contact avec sa famille, Cécile Bourgeon s’emporte. « "Mais non, j'étais sous l'emprise de drogues... Mais vous ne pouvez pas comprendre, vous! Vous ne connaissez rien au milieu des camés! »
Camélia, amie d’enfance, raconte que Cécile Bourgeon lui demandait de l'argent, notamment pour acheter de la nourriture pour Fiona. Selon elle, l'accusée utilisait parfois cet argent pour se fournir en drogue. "Il y avait un manque de responsabilités", explique Clément le frère de Cécile Bourgeon, alors qu'est évoqué un épisode où il est sorti en boîte de nuit avec Berkane Makhlouf et Cécile Bourgeon, en laissant les enfants à l'appartement. Une irresponsabilité soulignée par l’avocat de la partie civile : « M. Makhlouf, faire pousser des plants de cannabis à portée de ses enfants, est-ce prendre soin d'un enfant? Laisser son enfant plusieurs heures dans un square peuplé de toxicomanes, est-ce prendre soin d'un enfant?». « Non » répondra B. Makhlouf.
De la drogue, il y en avait partout
Fiona aurait-elle accidentellement ingéré de la drogue ? C’est en tout cas l’hypothèse défendue par, le frère de Berkane Makhlouf : « Berkane laissait tout le temps traîner de l'héro, de la coke sur des CD chez ma mère, ça m'exaspérait et c'est pour ça que je le tapais. Pour moi, la p'tite elle est tombée sur un cacheton de Subutex ou d'héro qui traînait chez eux, et elle est morte dans son vomi ».
Interrogé à son tour, le beau-père de Cécile Bourgeon n’écarte pas non plus cette hypothèse. "Il y en avait partout : des pilules bleues, des roses, j'avais prévenu Cécile que c'était à la portée de Fiona" se souvient-il. Cet ancien gendarme avance également deux autres hypothèses possibles qui auraient pu entraîner la mort de la fillette, pour lui : la violence physique et l'accident.