A Blavozy, près du Puy-en-Velay, sur sept auxiliaires de vie de l’Association d’aide à domicile en milieu rural (ADMR), deux seulement continuent leur mission. L’une d’entre elles nous raconte son quotidien complètement chamboulé par le coronavirus COVID 19.
A Blavozy, commune de l’agglomération du Puy-en-Velay, Emmanuelle Boyer est l’une des auxiliaires de vie l’Association d’aide à domicile en milieu rural (ADMR). Elles sont 2 à exercer pendant l’épidémie de coronavirus COVID 19 contre 7 en temps normal. Habituellement, Emmanuelle va récupérer une petite fille handicapée de 11 ans à la sortie de l’école tous les vendredis. Mais avec l’arrivée du virus, tout a changé. Ses plannings de visites et de soins à domicile ont été adaptés en priorité aux missions de première nécessité.
Lever et coucher les personnes les plus dépendantes, assurer les toilettes et porter les repas. « Je connais très bien les personnes que je visite tous les jours, en les voyant je vais savoir si elles vont bien ou pas, si elles me disent bonjour ou me tournent le dos. Le confinement pour elles c’est aussi une épreuve même si elles ne sortiraient pas forcément plus que d’habitude, les usagers ressentent l’enfermement et ça les angoisse aussi, ils se plaignent de ne plus voir leurs petits enfants » raconte Emmanuelle.
La peur de "la bête"
En plus des soins, elle doit trouver les mots pour rassurer, expliquer et atténuer les coups de blues. « Le virus c’est comme un isolement supplémentaire pour ces personnes, c’est le kinésithérapeute qui ne passe plus, il ne reste plus que moi et l’infirmière et les infos qui les stressent.... » Emmanuelle s’amuse de certaines réflexions de Pierre, un monsieur seul, âgé de 92 ans, qui lui dit qu’il a "peur de la bête" (le virus) : « Certains ne veulent plus qu’on les visite par peur d’être contaminés »Le stress aussi pour les auxiliaires de vie
Emmanuelle Boyer, 47 ans, intervient à domicile depuis 2008, et cette expérience avec l’épidémie la marque aussi. Elle travaille de 8h à 17h mais avec le stress en plus : « Surtout au début, il fallait penser à tout, désinfecter les intérieurs à chaque visite puisque le ménage n’est plus fait (NDLR : ce n’est pas considéré comme un soin de première nécessité) on ne doit rien oublier, poignées de porte, interrupteurs et en plus être attentifs au moral des usagers, veiller à ce qu’ils mangent bien, à leur santé.. » Emmanuelle a dû, au début rassurer les personnes à la première visite avec un masque « c’est plus lourd à porter pour moi, et moi aussi je vis le confinement chez moi et ne plus entendre le car ou la voiture du voisin qui part au travail le matin c’est difficile. Ce qui m’impressionne le plus, c’est le silence ».Après plus de trois semaines de confinement Pierrette, Jacqueline ou Pierre demandent à Emmanuelle quand tout ça va se terminer. Ils comparent le COVID 19 à la grippe espagnole qui a marqué leur génération « on avait pas les masques à l’époque » .