A seulement 8 ans, Itan a déjà sauvé des vies. Ce berger malinois héroïque met toute son énergie à remplir sa mission : retrouver les disparus. Ses exploits sont remontés du Puy-en-Velay jusqu'en haut lieu : ce berger belge malinois a été décoré de la médaille de la défense nationale.
Du haut de ses 8 ans, Itan est un véritable héros. Ce chien de la gendarmerie du Puy-en-Velay s’est illustré à de nombreuses reprises par ses capacités. Il fait la fierté de son maître, Stéphane Rongere. Le berger belge malinois est né le 15 février 2013 et a rencontré son maître peu après : « J’ai commencé à travailler avec lui en 2014, jusqu’à aujourd’hui. C’est un chien spécialisé dans la recherche de personnes disparues et dans la défense, c’est-à-dire qu’il est à même d’intervenir et de neutraliser un individu dangereux en le mordant. On peut l’envoyer sur quelqu’un de dangereux qui est armé. C’est un chien entraîné pour neutraliser si quelqu’un porte atteinte à mon intégrité ou celle d’une tierce personne », explique Stéphane Rongere. Gendarme depuis 31 ans, il est rattaché à un peloton de surveillance et d’intervention de la gendarmerie du Puy-en-Velay, membre de l’équipe cynophile. Il fait partie des 10 maîtres-chiens en Auvergne et travaille avec Itan depuis de nombreuses années.
Des vies sauvées
L’implication d’Itan dans la recherche des disparus a été remarquée jusqu’en haut lieu : « Il a été décoré le 13 février 2020 mais la décoration ne lui a été remise que cette année, en décembre, à cause du Covid. C’est pour l’ensemble de son travail, tout au long de ces années. Il a travaillé presque pendant 8 ans. C’est surtout pour ses bons résultats dans la recherche de personnes disparues », précise Stéphane Rongere, qui ajoute non sans fierté que son animal a reçu pas moins de 4 lettres de félicitations de la part de sa hiérarchie au cours de sa carrière.
« Il a notamment permis de sauver deux vies. La première intervention, c’était le 26 juin 2019, on était engagés en Haute-Loire, à Retournac, pour retrouver une personne dépressive qui avait disparu depuis plusieurs heures. On a retrouvé son véhicule et, à partir de là, j’ai pu mettre mon chien en œuvre pour retrouver la personne, qui était partie à pied. On l’a cherchée pendant 2 heures et le chien est parvenu à la trouver. La personne était allongée, inconsciente, dans un bois. Elle était blessée. Itan a potentiellement permis de lui sauver la vie puisqu’elle a été immédiatement prise en charge par le SAMU et a pu recevoir des soins ».
"Bien sûr, je suis très fier de lui"
Itan a également aidé à porter secours à un senior inconscient : « Il y a eu cette autre intervention pour une personne âgée qui était partie de chez elle depuis la veille au soir. On a été appelés le matin pour la rechercher. On l’a trouvée à 600 mètres de chez elle. Cette personne âgée était tombée, elle était coincée dans des barbelés. C’était l’hiver et le chien a permis de sauver la vie de cette personne qui était inconsciente. Elle avait subi un choc thermique, sa température corporelle était descendue très bas. Les secours sont intervenus très vite pour la soigner », raconte Stéphane. Il est très heureux du bon travail de son berger belge : « Bien sûr, je suis très fier de lui. C’est toujours valorisant pour une équipe d’avoir son chien qui a des résultats positifs, surtout que les interventions de pistage sont très difficiles. Quand on a des résultats positifs, on est content ».
Un travail très difficile
En effet, le travail d’Itan est très délicat : « Il y a beaucoup de paramètres qui rentrent en jeu quand on recherche une personne. Déjà, le délai. Plus le délai est long, plus c’est difficile pour le chien, bien sûr. On a les conditions météo, la chaleur, la pluie, le vent, qui compliquent le travail du chien. Il y a aussi la nature du terrain. Si c’est un pistage en ville, c’est beaucoup plus compliqué parce que le macadam n’est pas une matière qui retient bien les odeurs. Le bruit, l’environnement, le monde… Pour la concentration du chien, c’est difficile. » Itan est, selon son maître, un chien sérieux et très impliqué dans ses missions : « Il n’est pas très sociable comme chien mais il est très proche de son maître. C’est un chien de travail donc on ne peut pas le comparer avec un chien de compagnie. Il ne va pas venir demander des caresses, il est là pour travailler. Il aime ça. Le travail est basé sur le jeu. On fait comprendre au chien qu’en retrouvant la personne disparue, c’est comme un jeu, il sera récompensé. C’est là qu’il s’exprime le mieux, dans la recherche de personnes. Il fait le maximum pour la retrouver », se félicité Stéphane Rongere.
"A la fin de l’entraînement il faut bien jouer avec lui, bien lui faire comprendre que ce qu’il a fait est très bien.
Son entraînement est quotidien : pistage, obéissance, défense… Le chien doit être en permanence prêt à intervenir : « Je vais le chercher au chenil le matin avec un véhicule spécial, on va se détendre en pleine nature et ensuite on fait des exercices. Je prends un camarade avec moi, ce camarade va me laisser un vêtement ou un objet lui appartenant et je vais lui faire faire un cheminement à travers des prés ou la ville. Je vais laisser un délai s’écouler, une heure ou deux et je vais demander au chien de remonter la trace de la personne qui m’accompagne, pour le retrouver. Je le fais avec différentes personnes, pour que ce ne soit pas toujours la même odeur. Je prends même des personnes qu’il ne connait pas et je change fréquemment de lieu, sous différentes conditions météo, tout ça pour me rapprocher le plus possible de la réalité. A la fin de l’entraînement il faut bien jouer avec lui, bien lui faire comprendre que ce qu’il a fait est très bien, pour qu’il le reproduise lors d’une vraie recherche de personne. »
Des missions variées
Mais ses missions ne se limitent pas aux personnes disparues : « L’après-midi, on peut être employés pour une patrouille par exemple. On fait aussi de la surveillance ou de l’intervention. On vient en support des brigades locales si elles ont une intervention pour des violences ou des choses comme ça, ou même des accidents de la route, on vient les aider. Par exemple, on peut faire appel au chien s’il y a des individus agressifs, pour calmer les choses. Le chien est considéré comme une arme, il y a des conditions bien spécifiques pour employer des chiens mordants. Si jamais je suis menacé ou que quelqu’un menace une autre personne avec un couteau ou une arme à feu par exemple, je lui dis « attaque » et le chien est censé le neutraliser ». Itan est, selon son maître, un chien polyvalent.
Des missions partout en Auvergne
Application, sérieux, Itan met également ses compétences au service d’autres départements et là aussi, il réussit à s’illustrer : « On peut l’utiliser parfois pour des opérations de police judiciaire. Par exemple, dans l’Allier, une intervention m’avait marqué. Je prends des permanences sur toute l’Auvergne et j’avais été appelé pour une intervention sur un pyromane qui avait allumé plusieurs incendies dans un village. On m’avait demandé de retracer avec le chien le périple de la personne. Le chien a retracé tout le cheminement de ce pyromane et a marqué tous les endroits où la personne avait mis le feu. Il a permis de retracer le parcours du suspect et d’apporter des indices déterminants qui ont conduit le placement en garde à vue de l’incendiaire, qui a finalement avoué être l’auteur de l’incendie. L’individu a été condamné, en partie grâce au travail du chien », raconte fièrement son maître.
"Beaucoup de travail" pour arriver à ce niveau"
Pour Stéphane, le caractère de son chien explique ses bons résultats : « Il a eu des résultats sur des recherches compliquées, il a eu une application particulière, une concentration. Son travail lui a permis de retrouver des personnes là où, peut-être, un autre chien n’aurait pas pu. On est fier d’avoir un chien médaillé, parce qu’on sait le travail qu’il faut pour amener le chien à ce niveau, c’est beaucoup de contraintes et de travail. Des recherches de personnes, on en fait 2 ou 3 positives pour une vingtaine, ce n’est pas facile ».
En effet, ce travail est très difficile pour le chien et demande beaucoup d’abnégation : « Lui ne comprend pas trop, quand il ne trouve pas la personne, il n’est pas récompensé. Il se dit qu’il n’a pas bien travaillé, que ça ne s’est pas bien passé. Il ne faut pas les laisser sur un échec quand on les entraîne. Il faut que les chiens trouvent, pour qu’ils sachent qu’ils en sont capables et qu’ils aient suffisamment d’abnégation pour continuer, même s’ils ont des difficultés. Il faut amener le chien à se surpasser pour son travail et lui dire « C’est dur mais tu vas trouver » », précise Stéphane Rongere.
Une retraite bien méritée
Ce gendarme a commencé dans une brigade territoriale et est maître-chien depuis 2005. Itan est son 3ème chien et il aide déjà son maître à préparer la relève. Son remplaçant a 2 ans. « J’ai mis Itan en contact avec le nouveau chien, qui est très jeune. Lui, qui a plus d’expérience. Il a pu le recadrer sur certaines choses. Ça a permis au jeune de regarder ce que faisait son camarade pour prendre exemple. » En effet, après plusieurs années de bons et loyaux services, Itan va bientôt être réformé : « On les garde à peu près entre 7 ans et 9 ans. Moi, j’ai gardé mon chien précédent 7 ans, une petite berger malinoise qui a été réformée. Quand ils vieillissent, ils sont comme nous, le physique va un peu moins bien. Ensuite, c’est le maître-chien qui décide de ce qu’ils vont devenir. En général, le maître-chien garde son animal parce que, toutes ces années, une relation de confiance se crée, on s’attache à l’animal. S’il ne peut pas le garder, il lui trouve une famille d’accueil. » Itan va donc rester avec son maître actuel et profiter d’une retraite bien méritée à ses côtés.