Soupçons de favoritisme et de corruption au Puy-en-Velay : le restaurateur choisi pour la halle contre-attaque

Au Puy-en-Velay, Guillaume Fourcade, le restaurateur retenu pour le projet de halle gourmande a tenu jeudi 31 mars une conférence de presse. Il a tenu à s’exprimer après l’ouverture d’une enquête préliminaire pour favoritisme et corruption.

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« C’est une histoire médiatique et surtout politique qui nous dépasse. On est embarqués là-dedans. Ca nous fait mal » : c’est en ces mots que Guillaume Fourcade a commencé une conférence de presse ce jeudi 31 mars au Puy-en-Velay. Le restaurateur, avec son associé Frédéric Bayer, brasseur, ont tenu à s’exprimer deux jours après une perquisition à la mairie et à la communauté de communes du Puy-en-Velay. Le Parquet national financier avait ouvert une "enquête préliminaire des chefs de favoritisme, de corruption et de trafic d'influence" au sujet de l’attribution d’un marché public pour la gestion de la halle du marché couvert, comme l’avait révélé un article de Médiacités Lyon. C’est la proposition de Guillaume Fourcade et de son associé qui avait été retenue. Le site d'investigation affirme que l'un des deux candidats, Alexis Haon, opposant politique local à l'ex-maire de la cité entre 2008 et 2016, Laurent Wauquiez, "a été délibérément désavantagé pendant la procédure". Pour Guillaume Fourcade, il s’agit d’un « règlement de comptes ». Il indique : « On a l’impression d’être accusés quand on lit les choses dans la presse. On a lu le mot de corruption. Cela fait du mal à des gens comme nous qui n’avons fait aucun bruit médiatique. Je suis apolitique et je n’ai jamais soutenu un candidat ou un autre ». Son associé ajoute : « Aujourd’hui quand on se promène dans les rues du Puy-en-Velay, on a des regards qui ne sont plus habituels. On nous regarde de travers ». L'appel d'offres a été réalisé sous la mandature de Michel Chapuis, successeur de Laurent Wauquiez.

"C’est un projet de plus 2 ans"

Le restaurateur a tenu à donner quelques explications suite à ce qui a pu paraître dans la presse : « On a pu lire que c’était un projet « médiocre », un « simple projet de  burgers avec micro-brasserie », ce qui est réducteur. C’est un projet de plus 2 ans, qui devait se faire dans un autre bâtiment. On voulait faire une micro-brasserie, avec un "food court" à la française, comprenant des boxs de restauration, un boucher et un boulanger. Après on a eu vent du marché couvert et qu’il y allait avoir une DSP (délégation de service public, NDLR). On a créé notre société : Les halles ponotes, pour répondre à cette DSP. On a des croquis sur un autre bâtiment qui ont été dessinés en juin 2020 ».

"On a suivi les procédures à la lettre"

Guillaume Fourcade explique comment il a répondu à l’appel d’offres : « On a suivi les procédures à la lettre. C’était la première fois de ma vie qu’on répondait à une DSP. Pour être candidat, il fallait être du métier et avoir une société. On a été candidats. On a été retenus en fonction du dossier qui a été donné. Il y a eu un dossier de candidature. Il fallait être fermier pour gérer l’entièreté du marché couvert, le bar et le restaurant, et l’animation de la halle. On a reçu un plan pour dire ce qu’on pourrait faire dans ce projet. On a répondu à ça et notre dossier fait une centaine de pages. On a été entendus en mairie, comme l’autre candidat. On nous a posé des questions pendant plus d’1h30. On est partis et on a reçu d’autres questions ». Il poursuit : « Il y a eu une deuxième entrevue, à laquelle assistait notre avocat. On a répondu aux questions et après cela, on a été désignés en décembre comme les fermiers, les délégataires choisis pour cela. J’ai été prévenu le 20 décembre, non par la mairie mais par la presse ».

Un projet complet

Le restaurateur ponot détaille sont projet : « Ce n’est pas un simple restaurant. Je l’ai un peu en travers de la gorge. On s’est servis des plans qu’il y avait. Au centre, Frédéric fait une micro-brasserie, avec la production de bière. On investit plus de 250 000 euros dans une brasserie. A côté, on fait un bar à vins, bar à bière, bar à jus, le plus possible en production locale. Sur les contours, on a différents boxs : des boxs de producteurs, avec la Chambre d’agriculture, un box avec un boulanger bio, un glacier champion du monde de glace, un fromager, une tarterie avec des pâtissiers ponots qui se sont regroupés et plusieurs box de restauration. Je vais tenir un de ces restaurants et ne pas proposer des burgers malgré les bruits qui courent. Je ferai un box de restauration dédié à la viande : grillée, crue, mi-cuite, tartares, tatakis avec de la viande 100 % de Haute-Loire. Il y aura un box bistronomique. On est en discussion avec un chef étoilé. Il y aura un box de burgers. On aura un écailler, une rôtisserie ». Des sessions de formation de brassage de bière et  de la vente en vrac de bière fraîche figurent aussi au cœur du projet.

8 millions d'euros sur 10 ans

Guillaume Fourcade a reçu il y a 15 jours, par lettre recommandée, un dossier de recours en contestation de validité du contrat. Il a été fait par un candidat malheureux du marché couvert « qui demande 1,8 million de dédommagements à la mairie ». « On parle d’un marché à 8 millions d’euros dans la presse et j’ai l’impression qu’on a gagné 8 millions d’euros. C’est dommage, ce n’est pas le Loto, on n’a pas eu les bons chiffres » ironise le restaurateur. Il donne quelques précisions sur les sommes qui ont été évoquées dans la presse : « Le chiffre d’affaires prévisionnel global sur les 10 ans sera de 800 000 euros par an. Si on réalise ce chiffre d’affaires, on donnera 40 000 euros de loyer à la mairie. On porte tous les investissements : on achète toutes les tables, toutes les assiettes, tous les couverts…Les acteurs de ce marché vont nous payer une redevance et on va leur mettre à disposition un site Internet, des caisses enregistreuses ». Interrogé sur des contacts éventuels avec la mairie via une boucle Whastapp, Guillaume Fourcade reconnaît « des liens via un groupe de discussion Whastapp et des questions posées à la mairie » comme il l'a toujours fait depuis des années. Il se dit « serein » et prêt à « fournir les échanges ». Le restaurateur affirme n'avoir pas encore été entendu dans le cadre de l’enquête du Parquet national financier. De son coté, mardi 29 mars, Michel Chapuis, maire (UDI) du Puy-en-Velay,  se défendait : « Pour moi, tout a été fait dans les règles de l’art. Il y a une enquête maintenant et elle donnera ses conclusions ». L'opposant local, Alexis Haon, aurait déposé une plainte contre X mi-février pour "favoritisme" au parquet du Puy-en-Velay, qui se serait dessaisi au profit du PNF.

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