Six pygargues à queue blanche viennent de naître en Haute-Savoie, au sein du parc "Les Aigles du Léman", qui a entrepris un programme de réintroduction de cette espèce disparue en France depuis 130 ans. Dans quelques mois, ces aigles pêcheurs seront relâchés en pleine nature.
Depuis quelques jours, Jacques-Olivier Travers, le fondateur du parc " Les Aigles du Léman", ne quitte plus son écran de contrôle. Dans les volières de son parc, six aiglons, issus du programme de réintroduction de l’espèce sont nés, dont le premier le 11 mars dernier. D'autres sont attendus dans les prochaines heures : "Il y a beaucoup plus d’émerveillement que l’année dernière, car c’était les premiers œufs et nous étions très stressés, on n’avait pas eu beaucoup de couples qui avaient pondu. Donc, l’année dernière, j’étais tout le temps en stress, dès que j’ouvrais une caméra, je me demandais s’ils allaient être encore là."
À la fin de l'été, ces petits pygargues à queue blanche seront relâchés en pleine nature. Comme ceux nés l'an dernier.
Les relâcher et les suivre à la trace
Le programme de réintroduction du plus grand aigle d’Europe a commencé dans les immenses volières du parc de Sciez au printemps dernier, avec l’apparition des premiers œufs. Ils ont été nourris par leurs parents en captivité puis livrés au monde extérieur. Ce programme a déjà permis l'envol de quatre oiseaux, dont "Sciez" et "Haute-Savoie", un mâle et une femelle, en juillet dernier. Jacques-Olivier Travers leur a installé un GPS pour les suivre à la trace. On sait donc désormais qu’ils sont partis à la conquête de l’Europe : "Ce qui est amusant c’est de savoir que les deux que l’on a gardés le plus longtemps sur site, c’est-à-dire Sciez et Haute-Savoie, on se disait qu’ils n’allaient jamais partir, au final avec la balise GPS, on a pu voir que l’un est allé quasiment à Prague et l’autre à Maastricht. Là, on est dans une dispersion de 700 à 800 kilomètres qui sont dans le tableau haut de ce que font ces oiseaux."
Réintroduire une espèce 130 ans après sa disparition
La dispersion, c’est comme une sorte d'Erasmus pour pygargues : un tour d’Europe d’un ou deux ans. Ensuite, la plupart devrait revenir au bord du Léman, près des volières qui les ont vus naître. D'ici là, d'autres couvées se seront envolées. Après une petite phase d'adaptation : "On a construit une volière d’acclimatation, car on s’est aperçus que nos pygargues chassaient très bien, mais ils ne pêchaient pas, ce qui est quand même dommage pour un aigle pêcheur. Donc on a construit une grande volière avec un bassin de pêche au milieu qui va nous permettre de leur mettre du poisson avant qu’ils ne partent pour que vraiment, ils aient cette habitude de manger du poisson."
Cette année, une dizaine d'aiglons sera relâchée. Ils seront 85 au total d'ici à 2030. De quoi reconstituer une population viable pour cette espèce éradiquée de France il y a plus d’un siècle.