Après 15 ans de travail, le parc animalier Les Aigles du Léman a réintroduit le premier pygargue à queue blanche. Son envol a eu lieu ce mardi 21 juin à 7h55, à Sciez, sur les rives du lac Léman. Ce rapace, l’un des plus grands d’Europe, avait totalement disparu depuis 130 ans en France.
Il était 7h55, ce mardi 21 juin lorsque le premier pygargue à queue blanche s’est envolé. Après 81 jours passés dans son nid auprès de ses parents. Il est le premier d’une portée de quatre aiglons (deux mâles et deux femelles) à prendre son envol. Les autres devraient quitter le nid d’ici lundi ou mardi prochains. Cet envol est une victoire pour le parc animalier Les Aigles du Léman, mais c’est aussi une certaine forme d’inquiétude pour le fauconnier Jacques-Olivier Travers, à l'origine de ce projet de réintroduction : "Je suis ravi mais stressé. C’est comme si vous aviez votre fille qui partait pour la première fois en boîte de nuit et que vous attendez son retour. Et bien là, c’est la même chose, j’attends son retour avec impatience car ça fait déjà trois jours qu’il est parti".
/regions/2022/06/22/62b346cf049c5_pygargue.jpg)
130 ans après, le programme de réintroduction porte ses fruits
Ce rapace est l’un des plus grands d’Europe, entre 190 et 250 cm. Mais cette espèce au bec jaune et à la queue blanche est devenue très rare. Si cet aigle nichait autrefois sur les bords du lac Léman, "c’est en 1892 que les deux derniers pygargues à queue blanche de France occidentale ont été abattus", explique Jacques-Olivier Travers. C’est pourquoi cet amoureux des pygargues a décidé de créer un programme de réintroduction. Il s’inscrit dans le Plan National d’Action du ministère de l’environnement et, est nommé "réintroduction parentale". Il aura fallu quinze ans de travail pour en arriver là. Et c'est la première fois en Europe que des pygargues à queue blanche nés en captivité vont pouvoir vivre en autonomie dans la nature.
Des volières "double nid"
Pour prendre leur envol, des volières ont été spécialement conçues. Appelées "double nid", "elles permettent aux petits de se retrouver presque à l'air libre. Au bout de 60 jours, un léger grillage les sépare de leurs parents, avec d’un côté une ouverture pour qu’ils puissent s’envoler quand ils seront prêts", développe le fauconnier. Par la suite, il doit également apprendre à revenir vers ses parents pour se nourrir car le jeune pygargue à queue blanche est incapable de se nourrir sans l’aide de ses parents pendant un mois après sa sortie.
L'évolution de ces jeunes pygargues à queue blanche va être scrupuleusement scrutée par les spécialistes. Leur comportement va en effet être observé grâce à une balise GPS. Le public peut également participer à ce programme en parrainant un aiglon et en pouvant ainsi suivre son évolution grâce à une webcam. Après cette première année d’observation, 80 autres pygargues seront à leur tour réintroduits dans la nature.
Situé à Sciez, le parc animalier Les Aigles du Léman ouvre ses portes au public jusqu'au 28 août. Un espace est dédié aux pygargues à queue blanche. Un moyen de comprendre plus en détails ce projet de réintroduction exceptionnel grâce à des salles thématiques et des visites guidées.
