Victor, 5 ans et demi, est atteint d'un syndrôme dégénératif aux soins très chers. Pour soutenir sa famille, le chef étoilé annécien Vincent Favre Félix a organisé une vente à emporter de 400 repas, dont l'intégralité des recettes est revenue à l'association qui financent les soins de Victor.
Effervescence en cuisine. Dans le restaurant de Vincent Favre Félix, à Annecy, les petites mains s'affairent et s'organisent : en un week-end, 400 repas doivent être livrés par l'établissement, lui qui ne peut accueillir que 30 couverts maximum en période d'ouverture. Une suractivité qui est la rançon d'un succès : un menu caritatif, dont les revenus viendront en aide à Victor.
Victor, 5 ans et demi, est atteint du syndrome Kabuki, une rare maladie génétique malformative qui entraîne "un retard de développement global, moteur et cognitif, et tout un tas de symptômes plus ciblés comme l'épilepsie", explique Caroline Débois, la mère du petit garçon. Ainsi, ce syndrôme nécessite "un gros suivi médical, avec des rendez-vous médicaux très très réguliers et de la rééducation au quotidien".
D'autant que le gène, responsable de la maladie, n'a été identifié "qu'en 2011, donc la médecine a encore peu de recul sur ce syndrôme", précise le père, Frédéric Débois.
Des repas vendus comme des petits pains
Alors les parents de Victor ont décidé de créer une association, "Les p'tits pas de Victor", qui réunit des fonds pour financer les soins, très chers, destinés à l'enfant. Et c'est pour cette association que se démènent ce samedi 20 mars les équipes du restaurant du chef Vincent Favre Félix, à l'origine de l'initiative :
Je connaissais les parents de Victor. On avait prévu cette opération au mois de mars 2020, et puis il y a eu le confinement. Finalement, on avait prévu de le faire en octobre prochain, quand on serait certains d'être ouverts. Et puis on s'est dit que c'était possible un week-end, à emporter.
Avec, à la clé, un succès populaire : les appels de clients ont été si nombreux que les réservations des 400 repas ont dû être arrêtées un jour et demi plus tôt que prévu. "On est extrêmement touchés par l'engouement et l'accueil que les gens ont réservé à cette opération, s'émeut Caroline Débois. Moralement, surtout après une année comme celle-ci, voir qu'on ne nous a pas oubliés, qu'il y a cette mobilisation autour de Victor, c'est vrai que ça fait chaud au cœur. On est pas seuls."
Côté restaurant, un tel succès nécessite une grosse organisation. Heureusement, "on se donne tous des coups de main, on est une équipe solidaire, se réjouit Romain Garcia, chef patissier de l'établissement. On est très peu, mais on est tous là".
Un geste des producteurs
Et pas question de faire des repas de moins bonne qualité que d'habitude. Dans ce restaurant, fraîchement étoilé, "on se doit de mettre la même rigueur et d'avoir les mêmes critères de sélection sur les produits, explique Julien Guiraudou, second de cuisine. Parce que c'est la renommée du restaurant, que ce soit pour 400 ou 30 couverts, ça revient au même."
Au menu : saumon fumé au foin en entrée, et madeleine chocolat blanc et chou fleur en dessert. "Tout se marie parfaitement, rassure Romain Garcia, et j'inviterai les personnes à manger le tout en même temps". Il l'assure : ce dessert, inventé pour la carte du restaurant, est le même que celui servi en temps normal.
Et qui dit mêmes plats dit mêmes fournisseurs. Des fournisseurs qui, pour maximiser les recettes, ont offert tous les produits pour les repas de ce menu caritatif. "On parle souvent des restaurateurs qui sont en difficulté. Mais les producteurs, ils ont toutes leurs récoltes qui poussent comme d'habitude, mais il n'ont pas forcément les ventes qui vont en face" pour pouvoir écouler leurs produits, note le chef Vincent Favre Félix.
En tout, ce week-end caritatif à Annecy aura permis de récolter environ 12 000 euros pour l'association. De quoi assurer plusieurs mois de soins et de rééducation à Victor.
Retrouvez le reportage de Marion Feutry et Maxime Quemener :