Megumi Hosoda a fait le déplacement jusqu'en Haute-Savoie pour passer son CAP de boulanger. Cette Japonaise âgée de 28 ans y apprend notamment à fabriquer une baguette à la française, un savoir-faire inscrit au patrimoine immatériel de l’humanité de l’Unesco depuis novembre 2022.
Depuis très longtemps déjà, Megumi Hosoda aimait faire des gâteaux chez elle, au Japon. "A la maison, j'ai essayé de faire du pain et je me suis aperçu que j'aimais vraiment ça. C'est comme ça que j'ai commencé." Ce passe-temps est devenu une passion.
Et la jeune femme de 28 ans a décidé de quitter son emploi à la mairie de Tokyo l'automne dernier pour rallier la France et la Haute-Savoie, où elle a débarqué dans une boulangerie d'Annecy pour y passer son CAP en accéléré. "Je voulais vraiment savoir comment faire une bonne baguette, c'est mon pain préféré. La baguette, c'est le symbole de la France", dit Megumi Hosoda, munie d'une casquette rose, dans un français qu'elle a appris récemment.
Au début, je ne pouvais pas porter 25 kg de farine.
Megumi Hosoda
Son rythme : deux semaines dans une boulangerie annécienne et une semaine à Groisy (Haute-Savoie), à 15 km au nord d'Annecy, dans un campus, un centre de formation pour les aspirants boulangers. L'occasion pour la Japonaise de perfectionner ses gestes. "Elle est très sérieuse, elle s'est consacrée entièrement à sa formation, et ça se voit, avance Anthony Chappaz, formateur en boulangerie. Elle maitrise bien les viennoiseries, le pain, la brioche, le croissant..."
Au fil des semaines, Megumi Hosoda a progressé dans des domaines qu'elle ne maitrisait pas ou peu. "C'est vraiment difficile, technique, physique. Au début, je ne pouvais pas porter 25 kg de farine. Maintenant, je peux", sourit la jeune boulangère, qui lors son examen début juin, a revisité le pain romarin-beaufort qu'elle avait imaginé à Tokyo.
La baguette inscrite au patrimoine immatériel de l’humanité
Dans moins d'un mois, elle sera de retour au Japon, où un poste en boulangerie l'attend. "La formation est finie, mais ce n'est pas assez. Je veux vraiment continuer de travailler, faire du pain français." Elle rêve désormais d'ouvrir son propre établissement.
Le cas de Megumi Hosoda est loin d'être isolé. Une filière d'accueil des apprentis japonais est en train de se créer. Une des conséquences possibles de l'entrée de la baguette de pain sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’Unesco, le 30 novembre 2022.
C'est en tout cas ce que pense le boulanger annécien qui forme la Japonaise : "Ça a tout changé : un retentissement national et international. Et cela va au-delà de l'attirance qu'ont les Japonais pour la gastronomie. Megumi est venue apprendre le coté technique de la baguette et ses secrets. Le but, c'est qu'elle ait la capacité de développer son savoir-faire pour apporter à son pays tout le retentissement que mérite la boulangerie aujourd'hui."