Après deux ans de travaux, la boucle d'eau du quartier des Trésums vient d’être inaugurée à Annecy. Le dispositif utilise l’eau du lac pour chauffer et climatiser plus de 500 logements, tout en consommant 15 fois moins d’électricité qu’un système conventionnel.
Depuis plus d'un mois, à Annecy, le quartier des Trésums se chauffe et se climatise avec l'eau du lac. Pas d'usine à l'horizon, car tout se passe quelques mètres sous terre, dans des tuyaux où l’eau circule en boucle fermée. Elle est puisée à 20 mètres de profondeur.
"L’eau circule dans des échangeurs, qui viennent transférer l’énergie du lac à notre centrale de production et de distribution de chaleur, explique Jérémie Neveu, le directeur régional infrastructures d’Idex, l’entreprise en charge du projet. Elle arrive par un circuit, et elle est rejetée dans le lac via une boucle fermée. Donc l’installation ne consomme pas d’eau, car tout ce qui est extrait est rejeté".
Chauffage et climatisation
L’eau, qui arrive entre 6 et 7 degrés, est renvoyée sur le réseau de chaleur à 66 degrés. Par un jeu d’échangeurs thermiques, elle peut être utilisée pour chauffer, mais aussi pour refroidir.
La climatisation des bâtiments utilise ainsi jusqu’à 15 fois moins d’électricité qu’un système conventionnel, soit une économie de 2600 tonnes de CO² chaque année.
Depuis la mise en place du dispositif le 7 avril dernier, 570 logements en bénéficient. Dont l’hôtel Le Pélican, qui cherchait justement à diminuer ses émissions de carbone. "Pour un client qui voyage, l’hébergement et le chauffage représentent 25% des émissions de CO², après le transport qui reste la part la plus importante. Donc si on fait le bilan carbone d’un voyageur qui vient chez nous, ça permet de réduire de 20 % sa consommation en CO², avec le même confort que d’habitude" se félicite Olivier Pollet-Villard, le directeur de l'hôtel Le Pélican.
Face à la hausse du prix de l'énergie, cette production locale permet aussi de garantir un approvisionnement et un prix fixe pour les usagers. "Avec la guerre en Ukraine, on s’est rendu compte qu’on dépendait beaucoup du gaz russe. Il faut trouver des moyens alternatifs pour s’en passer. Donc pouvoir produire du chaud ou du froid localement, c’est une chance pour les collectivités et les industriels qui s’équipent avec ces installations" souligne Benjamin Frémaux, le président d'Idex.
Dans les Alpes, la ville d'Annecy n'est pas la première à utiliser l'eau comme source d'énergie verte et gratuite. La Suisse a déjà adopté ce type de système il y a une dizaine d'années, grâce au lac Léman.