A l'invitation du collectif Extinction Rebellion, une cinquantaine de personnes a manifesté ce 2 février contre l'implantation d'Amazon à Seynod près d'Annecy. Les manifestants ont dénoncé "la logique destructrice" d'Amazon, à la fois "environnementale, sociale et fiscale".
Révélée début janvier, l'implantation du géant du e-commerce à Seynod près d'Annecy (Haute-Savoie) a sucité l'émoi. Amazon aurait obtenu son permis de construire via des sociétés-écran.
"Nous avons découvert ça dans la presse locale", assure le maire d'Annecy Jean-Luc Rigaut, faisant référence à un article du Dauphiné Libéré.
Bienvenue Amazon !
C'est une cérémonie de bienvenue un peu particulière que les manifestants ont organisé ce 2 février à Seynod. Une cinquantaine de personnes a occupé le chantier situé route de Branchy, à quelques kilomètres d'Annecy.
Elles représentaient, sous la bannière d'Extinction Rebellion Annecy, ANVCOP21, Les Amis de la Terre, Greenpeace, ATTAC, Gilets Jaunes, Intersyndicale CGT/Sud Solidaires/SNUipp-FSU, La France Insoumise, NPA, EELV, Fédération anarchiste.
Les manifestants ont planté un arbre "symbolisant le retour à la nature d'un endroit voué, hélas, aux désastreuses activités industrielles et marchandes de ce monstre de l'e-commerce".
Ils dénoncent "une logique destructrice environnementale, sociale et fiscale". "Les émissions de CO2 d'Amazon représentent 10% de toutes les émissions en France !" affirme Philippe Goy de GreenPeace.
Et Anne-Valérie Duval de La France Insoumise ajoute : "on est aussi contre le monde que représente Amazon, une multinationale qui ne paye pas ses impôts, des conditions de travail qui sont dignes du Moyen-Age".
La réponse d'Amazon
Dans un communiqué de presse daté du 30 janvier, Amazon Logistique France prend acte du rassemblement et souhaite porter à notre attention "plusieurs données factuelles en réponse à des allégations fausses et sans fondement qui sont régulièrement répétées à son sujet".
Voici les données principales qui nous ont été communiquées :
"En 20 ans d’implantation en France, Amazon s’est profondément ancrée en dans le pays et est à l’origine de plus de 30 000 emplois sur le territoire français.
Amazon rappelle que l’entreprise paie des impôts en France à hauteur de plus de 250 millions d’euros, s’acquittant ainsi de l’ensemble des impôts et taxes exigibles dans le pays.
En 2019, l’entreprise a pris un engagement fort et unique au monde pour atteindre l’objectif de l’Accord de Paris 10 ans plus tôt et atteindre un bilan zéro carbone. Cet engagement comprend notamment une commande de 100 000 véhicules de livraison entièrement électriques, un investissement de 100 millions de dollars dans la reforestation et un recours à 100% aux énergies renouvelables en 2030 (80% d’ici 2024)".
Plus de transparence ?
Extinction rebellion Annecy réclame néanmoins l'arrêt de toutes les nouvelles installations d'Amazon, la transparence sur les activités et leurs impacts sur les ressources, la diminution de la commercialisation d'objets neufs "non éthiques", l'interdiction de destruction des invendus et une obligation de donner une deuxième vie aux objets.
L'organisation revendique également la prise en compte de la pénibilité physique et psychologique "engendrée par le mode de management d'Amazon". Et la responsabilisation des élus sur l'installation des sites et "l'impact négatif sur l'économie locale, notamment les petits commerces".
Rendez-vous est pris avec le maire d'Annecy
Jean-Luc Rigaut a convié en Haute-Savoie la direction parisienne d'Amazon France. L'entrevue aura lieu mardi 11 février. "Pour clarifier les relations entre Amazon et la Ville d'Annecy", en langage diplomatique. Mais le maire n'a pas du tout apprécié d'être "dupé" par la multinationale "qui avance masquée".
La Ville rappelle que rien ne laissait soupçonner, dans le dossier parfaitement légal du permis de construire, qu'Amazon était en réalité le promoteur du projet.
Le géant du e-commerce ne confirme d'ailleurs toujours pas l'implantation, et préfère évoquer un "projet à l'étude".