C'est un cri d'urgence que lancent les établissements d'accueil pour personnes handicapées en Haute-Savoie. Faute de personnel suffisant, 150 familles ont été obligées de récupérer leur enfant à domicile. Une situation inadmissible pour les associations locales.
"Voilà comment ça se passe, j’assiste totalement Sarah". Christine Thierry-Glo vient de passer de longues minutes à gérer la crise de sa fille Sarah, qui refuse d’aller prendre son bain.
Atteinte de handicap mental, la jeune femme était jusqu’alors prise en charge dans un établissement spécialisé. Mais faute de personnel suffisant, elle a dû retourner chez sa mère.
Christine fait partie des 150 familles du département qui ont dû recueillir leur proche à domicile et prendre le relais des éducatrices, des infirmiers et de l'ensemble du personnel des instituts d'accueil pour personne handicapées.
"C’est un personnel qui est psychiquement et physiquement détruit. Ils n’en peuvent plus, ils sont à la limite du burn-out, reconnaît Christine Thierry-Glo. Donc qu’est-ce qu’on attend ? Qu’on ferme les établissements ? Qu’on se retrouve avec nos enfants en famille ? Moi je ne pourrais pas m’occuper de Sarah plus longtemps, ce n’est pas tenable !".
Une situation "catastrophique"
Malheureusement, la situation n’est pas nouvelle. Depuis des années, la situation est catastrophique en Haute-Savoie et les associations alertent le conseil départemental et le gouvernement.
"Cela nous met d’autant plus en colère qu’il a fallu attendre le Covid-19 et l’amplification des problèmes. Cela nous amène d’une situation de fortes tensions de recrutement à une situation de crise majeure, où cette fois on ne trouve plus personne" regrette Raphaël Miconnet, le directeur général de l’association AAPEI Epanou.
183 euros net par mois avec l’application du Ségur : c’est ce que ces associations demandent ainsi que l'instauration d'une prime d'aide à la vie chère, notamment dans ce département où il est difficile de trouver un logement pour des bas salaires. Mais c'est aussi et surtout une reconnaissance du métier qu'ils souhaitent engager.
"On va craquer !"
"La société s’en fou d’une manière générale. Quand on parle de cela à des personnes de l’extérieur, ils n’ont pas conscience de la gravité de la situation. On va craquer !" alerte Christine.
Alors que les instituts et certaines familles sont au bord du gouffre, la Haute-Savoie vient d’être choisie avec deux autres départements pour devenir un laboratoire de la transformation médico-sociale.
La Haute-Savoie, département laboratoire pour répondre ensemble aux problématiques de recrutement, construire les nouvelles solutions d’accompagnement et simplifier l’accès aux droits.
— Sophie Cluzel (@s_cluzel) October 1, 2021
Des propositions concrètes ce matin @MartialSaddier @Dep_74 #MDPH74 @ARS_ARA_SANTE @Prefet74. pic.twitter.com/cGlo9KE1qG
En visite à Annecy ce vendredi 1er octobre, Sophie Cluzel, secrétaire d’état en charge des personnes handicapées, a assuré que ce dispositif avait pour objectif "d’améliorer l’accès aux droits et d’éviter les ruptures de parcours dans l’accès au logement, à l’emploi, à l’école ainsi qu’aux activités culturelles et sportives".
"On a encore des personnes qui n’ont pas la solution appropriée. C’est pour ça que je veux que les services de l’État soient aux côtés du Département, pour qu’on améliore les solutions, dans une démarche constructive, pro-active" a-t-elle toutefois reconnu auprès de nos confrères du Dauphiné Libéré.