Après les défilés des plus grandes semaines de la mode, Jean Paul Gaultier se réinvente en tant que directeur artistique d’un long métrage. Les premiers visuels ont été dévoilés lors du festival international du film d’animation d'Annecy ce jeudi 13 juin. Un projet commencé il y a plus d'un an et demi qui a immédiatement séduit le couturier.
"J'ai été flatté qu'on pense à moi", confie Jean Paul Gaultier lorsqu’on lui a proposé cette collaboration. L'idée séduit immédiatement le couturier de 72 ans. Retiré des podiums depuis 2020, lorsque le studio franco-belge nWave l'a abordé pour lui proposer de collaborer sur un film d'animation qui plonge le spectateur dans le monde de la mode.
"Dans l'animation, on peut rendre tout, même l'impossible, c'est ça qui est formidable", évoque Jean-Paul Gaultier en marge du Festival international d’Annecy, rendez-vous incontournable de la profession.
"L'approche du trait, une silhouette, une ligne" : cette technique cinématographique "correspond plus à ce que je connais" par rapport aux films en prise de vues réelles, ajoute le directeur artistique de ce projet lors de sa présentation au public.
Carte blanche au couturier
Le travail, sous la direction du réalisateur Benoît Philippon, a commencé il y a environ un an et demi et en est encore dans ses débuts : le film, qui n'a pas encore de titre, est annoncé pour début 2027. Matthieu Zeller, président du studio nWave qui a déjà produit : Le Voyage extraordinaire de Samy, Bigfoot Family, Les Inséparables a raconté comment, lors de leurs premières rencontres, le couturier a très vite imaginé pouvoir "faire le défilé dont (il a) toujours rêvé dans la vraie vie".
C'est lui qui présente alors à Jean-Paul Gaultier le scénario de l'écrivaine Emilie Frèche : l'histoire d'une mite qui rêve de faire de la haute couture, loin de son destin de faiseuse de trous dans les pulls. Un univers à la fois réaliste, contemporain, et mêlant le monde des humains et des insectes.
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Coup de foudre pour le projet
"Il amène énormément, non seulement des idées visuelles et graphiques, mais aussi un esprit, une vision de la mode qui est formidable, qui est très cinématographique et aussi très accessible", se réjouit M. Zeller, dont le studio, spécialiste reconnu de la 3D numérique, fête ses 30 ans cette année.
Les premières images, des ébauches pas encore animées, laissent apparaître l'influence Gaultier : dans les tenues bien sûr, mais aussi les personnages. L'un est, par exemple, inspiré par l'actrice Rossy de Palma, qui fut une des muses du créateur, un autre par l'homme à la marinière lui-même, sous les traits d'un "mythe" de la mode installé Avenue Montaigne à Paris. La capitale où l'héroïne va tenter de réaliser ses rêves.
"Jean-Paul nous amène des anecdotes drôles, des idées qui sont hyper adaptées à l'animation", souligne Matthieu Zeller. "On ne pourrait pas faire ce film avec quelqu'un d'autre que lui, et son regard libre, fantaisiste, pas sérieux", qui se prête parfaitement à l'animation grand public.
Le couturier a eu "une espèce de coup de foudre" pour le projet. "J'essaye de m'adapter, et de voir, d'après les techniques possibles, jusqu'où on peut aller" dans l'animation, dit-il. Il se reconnaît aussi dans le récit initiatique et de comédie d'aventure.
"Dans le scénario, il y avait des tas de choses qui me correspondaient, dans la vision de montrer les différents types de beauté, les différences. Ça me concerne et c'est ce que j'ai toujours un peu fait dans mes défilés", conclut-il.