Un journaliste indépendant a été victime de violences lors d'une manifestation en hommage au jeune Thomas à Annecy. Il indique avoir déposé plainte, tout comme un manifestant qui dit avoir été agressé par le journaliste.
Deux plaintes auraient été déposées après des violences survenues lors d'une manifestation organisée dimanche à Annecy par le parti Reconquête en hommage au jeune Thomas, 16 ans, tué lors d'un bal à Crépol (Drôme).
La première émane d'un journaliste indépendant qui dit avoir été agressé par un ou plusieurs militants du parti d'extrême droite et blessé à la tête. Un manifestant a également affirmé avoir déposé plainte, Reconquête relatant que ce dernier été "agressé" par le journaliste.
Les faits se sont déroulés à la mi-journée ce dimanche alors que les manifestants se regroupaient dans les Jardins de l'Europe, sur les rives du lac d'Annecy. La marche a réuni près de 130 personnes, brandissant des pancartes telles que "Ni bougie, ni pardon", "État coupable" ou "Lola, Thomas, on vous vengera", en référence au meurtre à Paris d'une fillette de 12 ans en octobre 2022.
"Violent coup de pied dans l'oreille"
"J'avais l'intention d'interviewer des personnes présentes au rassemblement, mais j'ai commencé par recevoir des invectives assez violentes. C'était tendu, j'avais l'impression que j'allais me faire frapper", relate Gérard Fumex, journaliste pour le site librinfo74, un média d'information locale "alternatif".
"Un manifestant s'est approché avec un air belliqueux, il m'a arraché mon portable et je me suis retrouvé par terre", poursuit le journaliste, précisant ignorer qui l'a fait chuter. Il affirme avoir ensuite reçu un "violent coup de pied dans l'oreille" alors qu'il se trouvait au sol.
Des policiers présents en marge de la manifestation ont mis le journaliste à l'écart, selon la Direction départementale de la sécurité publique (DDSP). Celui-ci a été transporté par ambulance à l'hôpital où il explique avoir reçu des points de suture et fait l'objet d'un arrêt de travail de 6 jours. "Mon avocate a déposé plainte contre X auprès du procureur de la République", ajoute Gérard Fumex.
La classe politique condamne
Le maire d'Annecy, François Astorg (EELV), a estimé sur X (anciennement Twitter) que cet acte était "inacceptable". "Un journaliste ne peut être agressé alors qu’il ne fait que son travail. Le débat d’idées et la liberté de la presse restent au fondement de notre démocratie. Je serai très attentif à ce que (la) lumière soit faite", écrit l'édile.
Ce qu’il s’est passé ce midi à Annecy est inacceptable. Un journaliste ne peut être agressé alors qu’il ne fait que son travail. Le débat d’idées et la liberté de la presse restent au fondement de notre démocratie. Je serai très attentif à ce que lumière soit faite. https://t.co/2jKxiTkUo5
— François Astorg (@francoisastorg) November 26, 2023
La fédération haut-savoyarde de La France insoumise a également condamné cet "acte choquant de violence", appelant à "défendre toujours et en tous lieux le droit fondamental à l'information." La conseillère régionale EELV, Fabienne Grébert, alerte pour sa part sur les "dangers de l'extrême droite identitaire et raciste" et interpelle le préfet : "que comptez-vous faire pour endiguer les violences et troubles à l'ordre public de ces individus ?"
Plainte déposée par un militant
L'ancien délégué départemental du parti Reconquête, Guy de Plinval, avance une version radicalement différente, parlant de violences commises de part et d'autre. "On était face à quelqu'un qui voulait en découdre", dit-il en parlant de Gérard Fumex.
"Il interpellait les gens et agitait son téléphone pour les prendre en vidéo en leur demandant s'ils étaient d'extrême droite", rapporte Guy de Plinval. Quand un militant aurait tenté d'"écarter le téléphone" du journaliste, ce dernier lui aurait "porté un coup" avant de le "pousser au sol".
"Notre sympathisant est allé aux urgences pour faire constater ses blessures", complète l'adhérent au parti d'Eric Zemmour, reconnaissant toutefois qu'un autre militant a projeté le journaliste par terre. Une plainte pour violences volontaires a été déposée par le manifestant blessé, selon Reconquête.
La DDSP, qui n'était pas en mesure de confirmer les dépôts de plainte, affirme pour sa part que les enquêteurs procéderont à l'audition des deux protagonistes dans le cadre des investigations.
