Nappes phréatiques contaminées aux PFAS à Annecy et Rumilly : "C'est un véritable scandale sanitaire", les Écologistes déposent plainte contre X

Les Écologistes du bassin annécien ont déposé plainte contre X après la découverte de PFAS, dits polluants éternels, dans l'eau potable à Annecy et Rumilly. Ces élus espèrent ainsi obtenir des "mesures concrètes" afin d'identifier les responsables.

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D'où viennent les polluants éternels qui contaminent des nappes phréatiques à Annecy et Rumilly ? La section des Écologistes du bassin annécien a porté plainte contre X dans l'affaire des composés poly- et perfluoroalkylés (PFAS) détectés dans l'eau potable des deux communes.

"En portant plainte, nous souhaitons faire pression et faire en sorte que d'autres personnes, d'autres collectifs, associations ou citoyens fassent de même pour qu'enfin des mesures concrètes soient prises", résume Pascal Sciabbarrasi, responsable du groupe.

L'un de ces polluants, le PFOA - une molécule persistante, bioaccumulable et toxique, utilisée par de nombreux industriels et interdite en 2020 -, avait été détecté en août 2022 dans l'eau potable de Rumilly, conduisant à la fermeture de plusieurs captages.

Des habitants de la commune haut-savoyarde ont par la suite fait tester leur sang, révélant des taux de PFOA cinq fois supérieurs à la moyenne détectée au sein de la population française (2,08 µg/L), ainsi que le révélait France 3 Auvergne-Rhône-Alpes.

D'autres analyses ont révélé la contamination aux PFAS de l'eau de la principale nappe phréatique d'Annecy à des valeurs dépassant jusqu'à quatre fois la limite autorisée en Europe. Le réseau d’eau potable n’est, à ce jour, plus raccordé à la nappe des Iles qui alimentait le secteur nord-ouest de l'agglomération.

"Cesser l'inaction"

Après ces révélations, les Écologistes du bassin annécien veulent alerter sur une problématique de santé publique. "Les pouvoirs publics doivent cesser l'inaction et, enfin, nous devons prendre des mesures fortes, connaître les responsables pour protéger la santé de nos concitoyens. C'est un véritable scandale sanitaire de notre point de vue", estime Pascal Sciabbarrasi.

Les services de l'Etat mènent l’enquête depuis un an en Haute-Savoie pour tenter d’identifier l’origine de la pollution qui semblerait "ancienne". Trois sites industriels sont étudiés de près : les anciennes tanneries Beaulieu, fermées en 2015, ainsi que les entreprises Salomon, dont les sites sont à l'arrêt depuis 2009, et Téfal, industriel fleuron de la région depuis 1956.

"On entend cette petite voix dire qu'il y a des enjeux économiques, des enjeux d'emploi derrière. Mais la question que nous nous posons est de savoir si cela ne serait pas un bon investissement, tout de suite, que de s'attaquer à ce problème, questionne M. Sciabbarrasi. En termes de santé, ne vaut-il mieux pas prévenir que guérir ?"

Faire évoluer la réglementation ?

Les PFAS représentent une grande famille de produits chimiques, toxiques et persistants dans l'environnement, dont certains sont susceptibles de fragiliser le système immunitaire des enfants ou de favoriser les cancers, particulièrement dans le cas d'expositions répétées et à long terme. Au Parlement européen comme à l’Assemblée nationale, les élus écologistes demandent une évolution de la réglementation pour permettre l’interdiction totale de ces polluants.

"Aujourd'hui, la règle européenne permet de les interdire, mais un par un. Il y a plus de 14 000 polluants de cette nature qui existent sur le marché. Si on les étudie un par un, on n'est pas sortis de l'auberge pour arriver à des mesures efficaces.

Claude Gruffat, député européen EELV

à France 3 Alpes

"Il faut dire stop aux utilisations (des PFAS) et il faut passer à une transition en trouvant d'autres façons de travailler, plaide le député européen originaire de Rumilly. Les utilisateurs vont nous dire que c'est nécessaire, mais on ne peut pas faire en empoisonnant. Il faut maintenant faire sans empoisonner, donc sortir de cette méthode et de ces solutions pour en trouver d'autres."

À l’heure actuelle, les PFAS ne font pas partie des analyses réalisées par l'Agence régionale de santé (ARS) dans le cadre du contrôle sanitaire de l’eau de consommation, ces composés n'étant pas encore réglementés. Ces polluants sont intégrés aux analyses depuis 2023 pour les seuls points où leur présence a déjà été identifiée, mais ne le seront que d'ici 2026 pour l'ensemble du territoire.

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