Avec la saison estivale qui débute, les propriétaires d’hôtels et de restaurants doivent recruter des saisonniers, une mission de plus en plus difficile. Mais sur les bords du lac d’Annecy (Haute-Savoie), outre cette pénurie, les gérants doivent faire face à la difficulté de loger ce personnel. Reportage à Talloires-Montmin.
À chaque saison, été comme hiver, c’est le même casse-tête pour les patrons d’hôtels et de restaurants sur le bassin annécien. D’abord, il faut trouver des saisonniers, car la profession fait face à une pénurie ces dernières années. Ensuite, il faut réussir à les loger. Une mission devenue quasiment impossible pour les gérants, autour du lac d’Annecy, au vu des loyers exorbitants du territoire.
Pénurie de saisonniers et pénurie de logements
Alors certains propriétaires ont trouvé la solution : construire des résidences entièrement dédiées aux saisonniers. C’est le cas de François Dubuquoy, propriétaire de l’hôtel le Beau Site à Talloires-Montmin, commune d’à peine 2000 habitants.
Chaque année, il accueille une vingtaine de saisonniers pour sept mois, de mars à septembre. Alors sur son terrain de tennis, très peu utilisé, situé à quelques centaines de mètres du lac et de son hôtel, il a voulu construire une résidence d’une vingtaine de logements, où chaque saisonnier aurait son propre studio : "Ce sont des hébergements qualitatifs, car les saisonniers méritent d’être bien logés durant toute la durée de la saison. Les loger dans un camping, en juillet et en août, ça passe parce qu'il fait beau, mais les autres mois, c'est plus compliqué. On traite correctement notre personnel, parce qu'effectivement aujourd’hui, c’est difficile de recruter.
À Talloires, il n’y a plus de terrain et les seuls terrains qu’il y a, sont hors de prix.
François Dubuquoy, propriétaire d'un hôtel-restaurant à Talloires-Montmin
Pour la construction de sa résidence sur le terrain de tennis, son permis de construire a été accordé par la mairie en août dernier. Depuis, trois recours ont été déposés à l’encontre de son projet, un recours de ses voisins, de la préfecture et d’une association environnementale. Alors le chantier est à l’arrêt et ses saisonniers sont logés dans des conditions pour le moins précaires.
Cheyenne occupe pour sept mois une toute petite chambre qu'elle partage avec son compagnon et son chat dans une petite maison au fond de la cour de l’hôtel. Ici, dix saisonniers vivent en collocation : "Dans cette pièce, nous dit-elle, il y a deux autres filles en mezzanine. Ici, c’est l’intimité qui manque, clairement, on partage notre quotidien, notre travail…"
Du logement touristique plutôt que du logement saisonnier
Parmi les saisonniers, il y a aussi Sylvie, elle est femme de chambre. Faute de place dans l’annexe, elle a accepté d’habiter à l’extérieur de la ville et fait 10 minutes de trajet en voiture tous les jours pour se rendre au travail.
Pour les gérants, trouver des logements avec des loyers modérés dans les communes environnantes n'est pas facile : "Le logement des saisonniers, c’est un vrai problème, explique Didier Sarda, maire (SE) de Talloires-Montmin. Sur la commune, il y a environ 500 saisonniers l’été, et ils arrivent dès le mois d’avril et jusqu’à la fin des vacances de la Toussaint. Aujourd’hui, un propriétaire va préférer louer son logement en Airbnb ou via d’autres plateformes, car la rentabilité est beaucoup plus forte avec le logement touristique plutôt que le logement saisonnier. Désormais, à Talloires-Montmin, seule la construction de résidences destinées à accueillir les saisonniers est autorisée", conclut le maire de la ville.