Les eaux du lac d'Annecy n'en finissent pas de baisser. Moins 46 cm en dessous de la cote réglementaire, qui s'établit à 80 cm. C'est l'une des conséquences bien visibles du réchauffement climatique.
Ils ont beau s'éloigner du bord sur plusieurs dizaines de mètres, les baigneurs du lac d'Annecy ont de l'eau jusqu'aux chevilles. Pour qui se promène aux abords du lac, l'image est impressionnante.
Le phénomène, lié à la sécheresse et au réchauffement climatique, s'est encore accentué depuis le début du mois d'août, où le lac avait déjà perdu 24 cm.
On est pratiquement au record de 2003
"Nous sommes en période de sécheresse extrêmement forte", reconnaît Thierry Billet, élu du Grand Annecy. "On est pratiquement au record de 2003, une cote autour de 30, et ça va sans doute encore baisser. Ca c'est clairement le réchauffement climatique. On croit que le réchauffement climatique c'est pour 2050. Ce n'est pas pour 2050 ! C'est maintenant, on le subit et on n'est pas adapté."
"Aujourd'hui on ne peut pas résoudre ce problème", poursuit Thierry Billet. "C'est un marnage naturel. C'est-à-dire que contrairement à certaines idées reçues, ce n'est pas la ville d'Annecy qui fait baisser le niveau du lac volontairement."
La ville, l'agglomération et le syndicat du lac d'Annecy s'assurent en effet de maintenir une cote stable toute l'année à 80 cm. Cela implique de réguler le niveau du lac, en jouant notamment sur les vannes qui alimentent le canal du Thiou.
Impossible néanmoins de fermer les vannes du Thiou. "Si on ferme les vannes du Thiou, cela signifie que la vie des poissons de la biodiversité est morte jusqu'au Fier et jusqu'au Rhône. On est obligé de laisser ouvert pour permettre la vie lacustre", souligne Thierry Billet.Nous souhaitons une stratégie d'adaptation à cette évolution du climat
Ce matin, le syndicat intercommunal du lac d'Annecy a souhaité l'assouplissement de la "cote 80". Pour Thierry Billet, cela permettrait "au lac de bouger toute l'année de façon à pouvoir éventuellement faire des stocks pendant la période où il y a beaucoup d'eau, la relâcher plus tranquillement en période d'étiage et mieux gérer ces fluctuations."
Alors pourquoi cela n'a-t-il pas évolué depuis la canicule de 2003 ? "Ca c'est la responsabilité de l'Etat", pointe l'élu. "Je pense que l'Etat n'a pas encore vraiment compris qu'on était dans le réchauffement climatique. Nous, élus locaux, souhaitons une stratégie d'adaptation à cette évolution du climat, à la fois en tenant compte de la nature et des enjeux touristiques sur le lac."