Accusé du meurtre de sa fille à Margencel en 2016, Cédric Mahieu a donné sa version des faits ce mardi 21 mai 2019 devant la cour d'assises de Haute-Savoie. Une version contestée que ne corroborent pas les médecins légistes.
Jugé depuis lundi pour le meutre de Léa, sa petite fille de 3 ans en mai 2016 à Margencel en Haute-Savoie, Cédric Mahieu a été entendu hier mardi 21 mai 2019 par la cour d'assises. Il a à nouveau expliqué les raisons de son geste, entre vengeance contre la maman de la fillette dont il était séparé et addiction à l'alcool et à la drogue. Les experts légistes ont apporté des précisions sur la mort de l'enfant.Ivre de colère
"Vous ne croyez pas Monsieur Mahieu, que vous avez un devoir de vérité aujourd'hui" ? C'est avec ces mots que le président de la cour d'assises rompt l'épais silence qui suit les 10 minutes de récit de Cédric Mahieu. En début d'après-midi, l'accusé déroule le fil de ce samedi de mai 2016 où il a la garde de sa fille et reçoit un courrier d'huissier l'informant que cette garde est suspendue. Ivre de colère, il tue la petite Léa dans son bain en lui maintenant la tête sous l'eau. A la barre, il explique que plus rien n'était rationnel dans ses actes. Il décrit comment il a maintenu la tête de l'enfant dans l'eau, puis mise en pyjama en l'allongeant devant la télé avec lui avant de tenter un massage cardiaque dans sa chambre.
Cette version, les médecins légistes, invités à s'exprimer le matin devant la cour, ne la corroborent pas. Il expliquent que la petite Léa est morte par asphyxie. Des marques autour de la bouche, correspondant à l’emplacement de la tétine, indiquent qu’il y a eu un appui prolongé de la tête de l'enfant sous l'eau. Autre indication donnée par les experts : aucune eau n’a été trouvée dans les poumons de Léa, ce qui fait dire aux médecins légistes qu’il s’agirait d’une "noyade blanche", une noyade qui survient en milieu aquatique mais sans eau dans les poumons. Enfin, ils indiquent que l'analyse du corps de la fillette n'a révélé aucune trace de violence sexuelle.
Certaines affirmation de Cédric Mahieu semblent ne pas correspondre au scénario reconstitué par les experts : selon les médecins légistes par exemple, la position du corps de la fillette et la rigidité cadavérique montrent que le corps n’a pas été « bougé » six heures après la mort, contrairement à ce que soutient le père.
Un drame prévisible ?
"Monsieur Mahieu reste sur ce même scénario qui ne changera pas forcément grand chose pour la douleur de la maman" attaque Maître Luc Hintermann, l'avocat des parties civiles. "Ce qui m'importe, c'est que la cour, les jurés, prennent conscience que ce drame était malheureusement prévisible au regard de l'évolution de monsieur Mahieu. Qu'il s'en prenne à Léa ou à la maman, on pouvait se douter qu'il allait, à un moment donné, passer à l'acte. Ce qui m'inquiète, c'est que cet homme a des remords que je ne considère pas comme d'une absolue sincérité".
L'accusé se décrit, lui, sous l'emprise d'alcool, d'anxiolytiques et de drogue. Pour son avocat, Cédric Mahieu était aussi sous l'emprise d'une éducation donnée sous le dogme des témoins de Jéhovah. "On arrive à un fait, à un meurtre en raison d'une histoire... Je dis simplement que monsieur Mahieu, s'il arrive à commettre cet acte, c'est en raison d'une histoire et son histoire elle commence chez les témoins de Jéovah" explique Maître Jean-François Jullien. Devant la cour le premier jour, Cédric Mahieu avait fait référence à son appartenance aux témoins de Jéovah en expliquant qu'il croyait que sa petite fille était toujours vivante : « j’ai l’impression que Léa est là, elle est dans la tombe des souvenirs, elle n’est pas morte".
Entourée de trois proches, Blandine Guilloux, est restée droite, le visage figé, pendant l'exposé de son ex-mari. Elle a ensuite été appelée à son tour à la barre pour témoigner.