Le tribunal administratif de Grenoble a suspendu, ce mardi 25 octobre, l'autorisation des travaux de la retenue collinaire de La Clusaz. Si les associations environnementales se réjouissent d'un "premier succès", la municipalité compte former un pourvoi en cassation.
Le juge des référés a ordonné, ce mardi 25 octobre, la suspension de l'autorisation du projet de la retenue collinaire de La Clusaz. Une victoire pour cinq associations environnementales qui avaient déposé un référé, en septembre dernier, auprès du tribunal administratif de Grenoble.
Les travaux ne pourront pas commencer cet hiver : "Nous sommes très contents, très soulagés. Les travaux de défrichement auraient déjà impacté le milieu", a réagi Me Aurélie Cohendet, avocate des associations.
"Le juge a retenu qu'il n'y avait pas de raison impérative d'intérêt public majeur suffisant pour justifier l'impact sur la faune locale, a-t-elle poursuivi. Mais ce n'est qu'une première étape. Il faut être prudent. Un jugement sur le fond sera prononcé d'ici peut-être deux ans."
"Laisser la place au reste du vivant"
De leur côté, les occupants de la ZAD, installés depuis près d'un mois dans le bois de la Colombière, ont annoncé qu'ils allaient quitter les lieux : "Notre présence dans le bois ayant rempli sa fonction et n'étant plus nécessaire, nous plions bagage pour laisser la place au reste du vivant. (...) Face aux bulldozers, la ZAD a gagné."
"En attendant que le dossier de fond, préparé pendant des mois par plusieurs associations de protection de l'environnement, soit examiné, le bois de la Colombière n'est plus menacé. Au moins pour cet automne, les écosystèmes défendus depuis un an sous des formes multiples, habité depuis un mois par les zadistes, peuvent exister plus sereinement", continue le collectif La Cluzad dans un communiqué.
Le signal envoyé aux communes et stations de montagne est sans appel.
Communiqué de FNE Auvergne Rhône-Alpes, FNE Haute-Savoie, La Nouvelle Montagne, Mountain Wilderness France et la LPO Auvergne Rhône-Alpes.
Les associations France Nature Environnement Auvergne-Rhône-Alpes (FNE AuRA), France Nature Environnement Haute-Savoie (FNE Haute-Savoie), Nouvelle Montagne, Mountain Wilderness
France et la Ligue pour la Protection des Oiseaux (LPO) Rhône-Alpes, qui ont déposé le recours en septembre dernier, espèrent que cette décision servira de prise de conscience : "Le signal envoyé aux communes et stations de montagne est sans appel. La production de neige artificielle pour gagner quelques années sur le changement climatique et prolonger le modèle du 'tout-ski' ne peut pas justifier la destruction d'habitats, d'espaces naturels et d'espèces protégées."
"Ce projet de retenue d’altitude incarne la mauvaise adaptation des territoires de montagne au changement climatique. Miser uniquement sur un prélèvement accru de la ressource en eau pour faire perdurer le loisir du ski sans rechercher de solutions alternatives, le tout en sacrifiant zones humides, faune, flore et espaces d’exception dont la destruction est irréversible et inacceptable", poursuivent-elles.
La mairie conteste la décision
L'ordonnance du juge des référés va retarder les travaux de plusieurs mois. Trois nouveaux juges statueront sur le fond du dossier : "Cette ordonnance ne préjuge en rien le fond du dossier. C'est une décision provisoire, non définitive et qui ne comporte aucune motivation sur ce qui est reproché au projet", a réagi la mairie de La Clusaz.
"Notre objectif est de trouver un juste équilibre entre le développement économique et le développement durable au bénéfice des habitants qui vivent sur ce territoire. La mairie de La Clusaz va poursuivre le travail en lien avec les services de l'Etat", continue-t-elle. Selon nos informations, le maire de La Clusaz, Didier Thévenet, a décidé de former un pourvoi en cassation.
La préfecture de la Haute-Savoie, dont le référé a été suspendu par le tribunal administratif de Grenoble, tient à rappeler, ce mardi, que "le projet a été déclaré d'utilité publique après avis favorables du conseil national de la protection de la nature (CNPN), de l'Autorité environnementale, et de la commission d'enquête publique".
Le préfet indique également que "l'occupation actuelle du plateau de la Colombière est illégale et doit cesser dans les plus brefs délais". Enfin, le préfet recevra une délégation des associations qui ont demandé à le rencontrer sur ce dossier.