Stations de ski : "Les Français n’ont pas d’autre choix que de prendre la voiture", des maires dénoncent une pénurie de trains

Alors que Bison Futé prévoit un week-end rouge sur les routes des Alpes, des maires de stations de montagne déplorent une offre de train insuffisante, voire inexistante. Près de 9 millions de Français vont rejoindre les stations de ski et moins de 0,5% d'entre eux vont s'y rendre en train.

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"Les Français n'ont pas le choix ou presque que de prendre la voiture : le manque de trains pour rejoindre les stations est criant", regrette le président de l'association nationale des maires des stations de montagne (ANMSM), également maire de La Plagne (Savoie), Jean-Luc Boch.

Cette année, les tendances de réservation, stimulées par le bon enneigement, sont en hausse de 2 à 3 % par rapport à 2022, selon l'ANMSM, alors même que Bison Futé voit rouge dès vendredi après-midi au départ de Paris et de Lyon.

9 millions de Français rejoignent les Alpes : 0,5 % prend le train

Quelque 9 millions de Français rejoignent chaque année les Alpes françaises pour skier, mais seulement 0,5 % d'entre eux y va en train, selon les chiffres de la Compagnie des Alpes, propriétaire de dix domaines skiables. S'ajoutent "près d'un demi-million de skieurs belges, plus d'un demi-million de skieurs néerlandais et plus d'un million de skieurs anglais", moins de 4 % d'entre eux voyageant en train.

Sur les 158 stations de ski des Alpes françaises, moins d'une dizaine est accessible en train, avec en accès direct Chamonix (Haute-Savoie), Les Arcs (Savoie), Briançon (Hautes-Alpes) et Saint-Gervais (Haute-Savoie), les autres impliquant un changement de train puis un accès en bus, selon les informations obtenues auprès de la SNCF.

Des complications en Maurienne

S'ajoutent, cette année, des complications dans la vallée de la Maurienne (Savoie), où la voie ferrée reliant la France et l'Italie est coupée depuis le mois d'août par un glissement de terrain, palliée par des navettes de substitution. Ce qui complique l'accès des stations comme Valfréjus et Valloire.

"Déjà que la situation n'est guère idéale pour pousser nos clients vers le TGV, ces conditions n'ont rien arrangé : nous n'avions pas de trains du tout pour le début de la saison", regrette Jean-Yves Pachod, maire de Courchevel (Savoie) et vice-président de l'ANMSM.

Une pénurie de trains

Plus globalement, l'ANSM dénonce une "pénurie de trains" pénalisante. Les trains proposés à la vente début octobre ont tous été pris d'assaut : "Impossible de trouver un train en dernière minute pour aller skier", assure Jean-Luc Boch.

"Je n'ai pas réussi à trouver de trains il y a un mois, c'est un peu par défaut qu'on prendra la voiture", confirme Florence Omony, une Parisienne qui prendra samedi la route des Arcs en famille avec ses trois enfants.

Le problème n'est pas nouveau, "la demande de voyages en train est toujours supérieure l'hiver" et la SNCF parle même d'une "pointe neige", encore plus importante en février, rappelle Arnaud Aymé, spécialiste transports au cabinet de conseil Sia Partners. Élus et professionnels du secteur affirment avoir sollicité les pouvoirs publics et la SNCF pour augmenter le nombre de rames en circulation.

Pour sa part, la SNCF assure que sur les week-ends des vacances l'hiver, "le parc TGV est entièrement mobilisé", avec "le maximum de trains disponibles" mis à disposition "en utilisant l'intégralité de la capacité de la ligne", tout transporteur confondu.

Décarboner le ski 

Si les maires souhaitent un développement massif des infrastructures ferroviaires, c'est aussi et surtout pour décarboner les vacances au ski.

"Près de 75 % de l'empreinte carbone d'un séjour en station provient du transport des vacanciers. Faire évoluer la façon de s'y rendre, c'est faire baisser l'empreinte carbone des vacances au ski", explique Arnaud Aymé.

Certaines initiatives voient le jour : la Compagnie des Alpes a lancé en novembre un appel à candidature européen pour ouvrir des liaisons ferroviaires vers les Alpes depuis Londres, Paris, Bruxelles et Amsterdam, à partir de l'hiver prochain.

Le retour du train de nuit, notamment sur la ligne Paris-Briançon est aussi salué, mais "il faut encore faire beaucoup plus" pour opérer un changement profond, selon le maire de Courchevel.

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