À Annecy, l'entreprise Salomon, spécialisée dans les sports de plein air, travaille sur une prothèse de jambe. Bien moins chère que celles destinées aux athlètes, la prothèse devrait être accessible à toutes les personnes amputées souhaitant reprendre le sport.
"On m’a amputé il y a 4 ans à la suite d'une maladie orpheline, raconte Fayçal Toumi. J’ai passé un an et demi en rééducation. Et depuis deux ans je pratique la danse de façon intensive en étant amputé".
C’est grâce à une prothèse qui remplace une partie de sa jambe gauche que le jeune homme a retrouvé sa liberté de déplacement. Et renoué par la même occasion avec la passion qui l’habite depuis ses 14 ans.
Sur l’esplanade au bord du lac d’Annecy, il se laisse aller à quelques pas de danse en public, sûr de lui et de ses mouvements. "Ça a été ce sport qui m’a permis de retrouver goût à la vie. Et c’est le plus important après une opération comme ça".
Sa prothèse a été développée en partie chez Salomon à Annecy. C’est là que Fayçal est suivi pour faire évoluer le produit. Sous la semelle, la lame a été conçue par la société Hopper, située près de Toulouse, à partir de chutes de carbone d’Airbus.
Une prothèse pour tous
L’équipementier haut-savoyard souhaite produire à moins de 2000 euros une prothèse qui en coûte normalement trois fois plus.
"Les gens comme Fayçal qui regardent quelqu’un comme Oscar Pistorius courir sur une piste d’athlétisme se disent que c’est génial. Mais ils se disent aussi que ce n’est pas pour eux, que c’est réservé à l’élite et aux Jeux Paralympiques. Alors que si financièrement les prothèses sont accessibles, ça peut transformer leur vie" explique Patrick Leick, représentant du service aux athlètes chez Salomon.
Sans rechercher la très haute performance, Fayçal a retrouvé sa liberté et ses sensations. En plus de danser, il peut aussi s’accorder des sorties footing. "C’est vraiment top, rien à voir avec ce qu’on peut trouver de nos jours ! décrit-il en courant sur les hauteurs d'Annecy. C’est vraiment une sensation que tout amputé a envie de retrouver en sortant de centre de rééducation".
Désormais, sa prothèse l’accompagne 16 heures par jour. Dans sa pratique sportive, le jeune homme ne se met aucune limite. "Que ce soit de l’escalade ou simplement suivre mes amis en randonnée, c’était important pour moi de retrouver un quotidien normal. Le fait de ne pas avoir à me poser la question si je pourrais y aller, ou si je pourrais mettre ma prothèse, c’était quelque chose d’important pour moi. Et pouvoir le faire aujourd’hui, ça me comble de bonheur !" conclut-il avec un grand sourire.