Outre la menace des éléments, les skippers du Vendée Globe doivent faire face au défi de la maîtrise de leur sommeil. Ils doivent apprendre à le fractionner pour ne pas se mettre en danger. Un spécialiste du sommeil annécien leur vient en aide.
Ils partiront dimanche 8 novembre pour 45 000 kilomètres à la voile autour du monde. C'est un véritable marathon en solitaire que s'apprêtent à réaliser les 33 skippers du Vendée Globe. Ils vont passer deux mois et demi en mer face aux éléments et face à leur fatigue.
Pour arriver au bout de la compétition, les skippers doivent apprendre à dompter leur sommeil et à le fractionner. "Je sais que par exemple le matin, ça ne sert à rien que je dorme parce que ce n'est pas du très bon sommeil. Par contre le soir à 23 heures, j'ai une porte du sommeil qui est intéressante où sur une heure de temps, je vais récupérer deux ou trois heures de sommeil efficace", explique le skipper Armel Tripon.
Et c'est pour ouvrir ces portes du sommeil que certains navigateurs se tournent vers un professionnel haut-savoyard. Depuis sa clinique du sommeil à Annecy, ce médecin prépare des pilotes de ligne, des trailers, des tennismen, des participants à l'Ultra-trail du Mont-Blanc ou encore des navigateurs. Objectif, atteindre rapidement le sommeil profond.
"Nous, pendant la nuit, on met 40 minutes pour y arriver. Mais eux, ils vont mettre quelques minutes, peut-être 5 ou 6 minutes (...) L'épisode minimum à faire est quand même de 20 à 40 minutes pour faire du vrai sommeil profond", détaille Bertrand De La Giclais, médecin du sommeil à la clinique Annecy Argonay.
Des hallucinations aux conséquences dangereuses
Le navigateur Fabrice Amedéo travaille avec le professeur De La Giclais depuis plus d'un an. Un moyen d'éviter les coups de barre et s'exposer au danger. "Ca m'est déjà arrivé de voir un bateau alors qu'en fait c'était la côte, ça m'est déjà arrivé de voir le visage de ma femme, ça m'arrive de voir des équipiers alors que je suis seul", raconte-t-il.
Ces hallucinations dites hypnagogiques peuvent se coupler avec des hallucinations auditives ou déboucher sur une phase d'endormissement longue appelée inertie du sommeil. "C'est-à-dire qu'il va s'endormir mais il ne se réveillera pas avant 4 ou 5 heures, voire 6 heures. Et là, il se met en danger parce que son bateau continue à avancer dans des mers souvent difficiles et du coup, c'est un problème de sécurité", complète le Pr De La Giclais.
Pour réaliser leur tour du monde à la voile, les 33 skippers devront donc être des navigateurs hors pair. Mais aussi des dormeurs d'exception.