Les travailleurs frontaliers doivent une nouvelle fois jongler entre les restrictions françaises et suisses à l'heure de la troisième vague épidémique. Même si des mesures spéciales ont été mises en place, plusieurs questions restent en suspens.
Contrôles, couvre-feu, télétravail, périmètre restreint... L'entrée en vigueur d'un nouveau confinement samedi 3 avril prend, encore une fois, des allures de casse-tête, en particuliers pour les travailleurs frontaliers. Les contrôles renforcés aux douanes entre la Haute-Savoie et la Suisse font partie de leur quotidien depuis le début de la pandémie.
Qu'est-il permis ou interdit ? Côté français et côté suisse ? Au lendemain de l'allocution d'Emmanuel Macron, les habitants du bassin genevois s'interrogent. "Je connais la règle des 30 kilomètres pour les Français, mais je ne pensais pas que ça s'appliquait à moi", s'étonne une automobiliste, quelque peu perdue. Elle réside à plus de 30 kilomètres de la frontière et doit donc présenter un test PCR négatif. Jusque-là, rien n'a changé. Pour elle, ce sera donc retour à la maison.
Pour les autres, les 125 000 travailleurs frontaliers de la région Auvergne-Rhône-Alpes, les règles ne semblent pas toujours très claires, même si Emmanuel Macron a tenté de les rassurer. "Nous ferons tout pour faciliter les trajets et le quotidien de nos concitoyens travailleurs frontaliers", a déclaré le chef de l'Etat mercredi soir.
Interrogations sur le télétravail
Léonard Bouchet, lui, est franco-suisse. Il a gardé un très mauvais souvenir de son confinement au printemps dernier. Alors, à chaque fois, il appréhende. "L'année dernière, c'était vraiment un choc que les frontières soient fermées d'un coup. C'était terrible parce qu'on avait la moitié de la famille d'un côté de la frontière, la moitié de l'autre. Et tout à coup, on a ce retour en arrière avec les différences de réglementations entre un pays et l'autre. Ca peut être amusant parfois, mais c'est un petit peu pénible", regrette le travailleur frontalier.
Mais le sujet qui préoccupe de nombreux travailleurs frontaliers aujourd'hui, c'est le télétravail. A la frontière, non loin de Genève, ils sont de plus en plus nombreux à venir partager un espace de travail, une discussion et un réconfort. Mais les règles du télétravail pourraient changer. "Il risque d'y avoir une grande injustice pour les travailleurs frontaliers qui pourraient ne pas pouvoir télétravailler plus de 20% de leur temps, contrairement à leurs collègues suisses. Ils pourront certainement à l'avenir, y compris après le Covid, télétravailler plus. C'est à cause d'une directive européenne qui devrait, selon moi, changer", ajoute Léonard.
En temps normal, tout frontalier qui télétravaille à plus de 25% doit être affilié à la sécurité sociale et payer ses impôts en France. Un régime dérogatoire est désormais en place, déjà prolongé trois fois dans le bassin de Genève. Mais jusqu'à quand ?