Le Conseil d'Etat a rejeté jeudi cinq requêtes déposées par des opposants au projet d'autoroute Machilly-Thonon, en Haute-Savoie. Ils envisagent un nouveau recours devant la Cour européenne des droits de l'homme.
"On est très déçus, on a l'impression qu'on se moque de nous." Les opposants au projet d'autoroute entre Machilly et Thonon-les-Bains, en Haute-Savoie, avaient placé beaucoup d'espoirs dans leur recours devant le Conseil d'Etat. Mais la plus haute juridiction française a rejeté les cinq requêtes déposées contre ce projet autoroutier jeudi 30 décembre.
Imaginée il y a une vingtaine d'années, cette liaison de 2 x 2 voies, longue de 16,5 km, vise à désenclaver la région du Chablais. L'ex-Premier ministre Edouard Philippe avait validé le projet, le déclarant d'utilité publique fin 2019. Mais la future autoroute A412 reste vivement critiquée, notamment sur son volet environnemental.
La Ville de Genève, Europe Ecologie-Les Verts Savoie, des associations environnementales... Plusieurs acteurs se sont réunis pour déposer cinq requêtes devant le Conseil d'Etat dans l'espoir d'empêcher la construction de ce tronçon autoroutier. Ils pointent notamment les "omissions" de l'étude d'impact qui minimiserait les conséquences de ce projet sur les zones humides. Sur ce volet, le Conseil d'Etat estime que les requérants n'apportent "aucun élément permettant d’en apprécier le bien-fondé."
L'impact climatique en question
"Ce projet va fragiliser les fermes du secteur, avance pour sa part Raphaël Baltassat, membre de la Confédération paysanne de Haute-Savoie qui s'était jointe à un recours. Un maraîcher va disparaître et d'autres perdent jusqu'à une douzaine d'hectares de terres agricoles. Aujourd'hui, aucune alternative ne nous est proposée."
La Confédération paysanne regrette la destruction de plus d'une centaine d'hectares de forêts, "l'essentiel classé en zone humide". "C'est un festival de mauvaise foi, par exemple quand le Conseil d’Etat balaye d'un revers de manche toutes les considérations liées aux impacts sur le climat", peut-on lire dans un communiqué de l'association.
Dans son arrêt, le Conseil d'Etat estime que "le projet d’autoroute en litige évite les zones les plus fragiles et est assorti de mesures compensant ses incidences négatives sur le milieu naturel" et qu'il "répond à des besoins en matière de transport qui ne peuvent être assurés par un autre moyen". Par ailleurs, les magistrats écrivent que la construction de ce tronçon autoroutier "ne conduira pas à une augmentation significative du trafic routier mais essentiellement à son report depuis les routes départementales."
Nouveau recours à l'étude
Les opposants regrettent par ailleurs la poursuite de ce projet "d'un autre temps" alors que le Léman Express est entré en circulation. "Le tracé de l'autoroute va longer celui du Léman Express", ajoute Raphaël Baltassat. Mais là encore, le Conseil d'Etat objecte que l'augmentation de l'offre de transports collectifs "ne permet pas d’absorber l’augmentation de la demande de déplacement", notamment du fait de la croissance démographique dans ce secteur.
Refusant de s'avouer vaincus, les opposants envisagent de nouvelles voies de recours contre le projet autoroutier du Chablais. Plusieurs d'entre eux vont consulter leur avocat pour étudier un recours devant la Cour européenne des droits de l'homme.