Biathlon : "Il fallait tout démolir", Julia Simon, un dossard jaune après deux ans de travail sur son tir couché

Le dossard jaune de la meilleure biathlète du moment, Julia Simon, s'apprête à faire son entrée en lice, ce vendredi 16 décembre, à l'étape française de la Coupe du monde au Grand-Bornand. La Savoyarde, qui fait forte impression depuis le début de la saison, a perfectionné son tir couché depuis ces deux dernières années.

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Démolir pour reconstruire. Dossard jaune de meilleure biathlète du moment à son arrivée au Grand-Bornand ce vendredi pour le sprint femmes (14h15), Julia Simon récolte les fruits de deux ans de travail de fond sur son tir couché. Au point d'afficher 100 % de réussite depuis le début de la saison.

La statistique est exceptionnelle: cinquante cibles touchées couché sur cinquante visées, en sept courses. "C'est au-delà de mes espérances, s'étonne l'entraîneur de tir de l'équipe de France féminine, Jean-Paul Giachino. Je n'ai pas le souvenir d'avoir vu ça, même chez Marie-Laure Brunet (ancienne biathlète et excellente tireuse, ndlr)."

Il fallait tout démolir pour retrouver un tir beaucoup plus calme, plus posé, et pouvoir comprendre mieux les choses.

Julia Simon

L'hiver dernier, le bilan de Simon (26 ans) était de 84 % de réussite. Les deux saisons précédentes, de 72 % et 78 %. "On peut dire qu'elle sait tirer couché, l'adoube-t-il. Elle a compris comment ça fonctionnait, elle sait ce qu'il faut respecter."

Comment Simon, déjà deux fois victorieuse cette saison, en poursuite à chaque fois, est-elle parvenue à en arriver là ? "J'avais un tir (couché) trop engagé, avec peu de connaissances du tir. J'avais du mal à analyser pourquoi je loupais mes balles, raconte la biathlète des Saisies. Il fallait tout démolir pour retrouver un tir beaucoup plus calme, plus posé, et pouvoir comprendre mieux les choses."

"Mode ball trap"

"On l'avait initiée sur un mode ball trap, où l'arme n'est jamais tranquille, décrit Giachino. Mais ce n'est pas comme ça qu'on arrive à avoir de la régularité."

"Dans son apprentissage, on ne lui a pas parlé des fondamentaux: la respiration, la visée, le lâché. Elle ne les respectait pas parce qu'elle n'en avait jamais entendu parler", complète-t-il. Le chantier commence en 2020, quand l'entraîneur de tir revient alors dans l'encadrement du biathlon français.

"A la reprise au printemps, chez elle à Beaufort, je lui ai dit que c'était deux ans de travail. Là, elle m'a dit qu'elle n'avait pas deux ans, retrace Giachino. Julia a plein de qualités, mais elle n'a pas de patience..."

"Elle a appris au fil du temps à l'être parce qu'elle a vu que ça marchait, même si ça prenait du temps. Elle a vu qu'elle avait plus de qualité, de régularité, elle a dû se dire que j'avais raison", poursuit-il. "Je ne lui ai pas vendu du rêve, il fallait au minimum ces deux années, insiste Giachino. Ca aurait pu en prendre plus."

"Très électrique"

"Ca m'a demandé du travail sur ma personnalité : je suis quelqu'un de très électrique, il faut que les choses avancent vite", reconnaît Simon. "Beaucoup de travail mental aussi, pour trouver du relâchement derrière la carabine, parce que je suis quelqu'un de très tonique", ajoute-t-elle.

"Il y a eu des hauts et des bas. Elle rechignait un peu car elle avait l'impression de faire un pas en avant, deux pas en arrière. J'ai vu la différence durant l'été, au milieu de la préparation, avec des balles plus serrées", date Giachino. En compétition, ça fait toute la différence.

Il faut avoir la technique, savoir quoi faire pour faire rentrer ces balles, c'est ce que j'ai réussi à comprendre, ce qui a fait ce déclic.

Julia Simon

"Ce tir la pénalisait énormément. Elle était impatiente, elle tirait trop vite, elle faisait des doubles bogeys (deux fautes). Sur les épreuves en confrontation (directe), il faut passer les (tirs) couchés sans encombre pour rester dans la course. Sinon, tu es en 'chasse-patate'", explique le technicien.

Son instinct qu'elle a dû dompter, "ça fait que je peux être une biathlète capable de sortir des tirs très rapides, mais ça ne suffit pas. Il faut avoir la technique, savoir quoi faire pour faire rentrer ces balles, c'est ce que j'ai réussi à comprendre, ce qui a fait ce déclic", explique Simon. Vingt-cinq nouvelles cibles à toucher couché vont lui faire face, de vendredi à dimanche, sur le pas de tir du Grand-Bornand.

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