Le guide de haute montagne Christophe Profit, légende vivante de l'alpinisme français, comparaît ce jeudi 20 avril devant le tribunal correctionnel de Bonneville pour "vol" de pieux d'amarrage sur la voie normale d'accès du Mont-Blanc.
L'alpiniste légendaire des années 1980 Christophe Profit, membre de la compagnie des guides de Chamonix, doit comparaître, ce jeudi 20 avril, devant le tribunal correctionnel de Bonneville (Haute-Savoie) pour "vol", après avoir démonté des pieux d'amarrage sur la voie du Mont-Blanc, l'année dernière.
Dans un acte militant, Christophe Profit, 62 ans, avait ôté en juin 2022 deux des quatre pieux, installés par sécurité par la compagnie des guides de Saint-Gervais en accord avec ceux de Chamonix. Il avait alors suscité un grand débat sur l'équipement en haute montagne.
Celui qui s'était fait connaître en 1982 par son ascension en solitaire d'une paroi de 900 mètres sur la face ouest des Drus, dans le massif du Mont-Blanc, entendait ainsi défendre la culture de l'alpinisme, qui valut à la pratique une inscription en 2019 au patrimoine culturel immatériel de l'Unesco. Le guide de haute montagne a dit agir au nom de la liberté de l'alpinisme, exempt, à l'origine, de toute installation humaine.
Deux visions de la montagne
Mais après son action, le maire de Saint-Gervais Jean-Marc Peillex (sans étiquette) a déposé deux plaintes, la première pour "mise en danger de la vie d'autrui", la deuxième pour "vol". La première plainte a toutefois été jugée sans fondement par le parquet de Bonneville.
Les partisans des amarrages posés par les guides de Saint-Gervais invoquent, eux, la sécurité en montagne : les pieux visaient à sécuriser un passage sur l'une des deux voies qui contournent une crevasse sur l'arête des Bosses. L'audience, à juge unique, opposera donc deux visions de la montagne.
"Un lion"
En vue d'éviter ce procès pénal, un règlement à l'amiable avait été proposé à Christophe Profit. Mais ce dernier a refusé de reconnaître les faits reprochés. "On a voulu par orgueil et par jalousie installer des pieux sur le toit de l'Europe, alors je deviens un lion pour protéger ce sommet", a-t-il expliqué selon le site spécialisé alpinemag.fr. Son avocat n'a pas répondu aux sollicitations de l'AFP.
Christophe Profit, normand d'origine, est devenu célèbre quand il a gravi la face ouest des Drus à 21 ans, alors qu'il effectuait son service militaire au Groupe militaire de haute montagne (GMHM) de Chamonix.
Pourfendeur de longue date de "la voie du business et de la rentabilité" au Mont-Blanc, il s'était déjà illustré au début des années 2000 en démontant et redescendant dans la vallée quatre panneaux interdisant le camping au-dessus du refuge du Goûter, sur la voie normale, qui, selon lui, "défiguraient les lieux".
"Dans les brochures, M. Peillex écrit que le seul bivouac autorisé est à Tête Rousse. Or, la liberté de bivouac est une donnée fondamentale de l'alpinisme et je veux pouvoir emmener mes enfants bivouaquer à la montagne", avait alors lancé le guide.
L'himalayiste a aussi fait partie des grands noms de l'alpinisme qui avaient difficilement ouvert des voies glacières au-dessus de 3 850 mètres dans les années 1980-1985, comme, notamment, Jean-Marc Boivin, Patrick Gabarrou ou François Marsigny.
Avec AFP