Le tribunal administratif de Grenoble a retoqué mardi l'arrêté du préfet de Haute-Savoie autorisant jusqu'à 170 abattages de bouquetins dans le massif du Bargy pour lutter contre la brucellose. Les syndicats agricoles sont inquiets, alors que 235 bovins ont été abattus en début d'année après la détection d'un cas de la maladie.
Nouveau tournant dans la lutte contre la brucellose dans le massif du Bargy. L'arrêté du préfet de Haute-Savoie qui prévoyait jusqu'à 170 abattages de bouquetins a été retoqué par le tribunal administratif de Grenoble mardi 17 mai. Cet abattage indiscriminé devait viser des individus non testés, dont on ignore s'ils sont porteurs de la maladie ou non.
Sept associations avaient déposé un double recours juridique, dénonçant ces tirs massifs qui auraient touché jusqu'à la moitié des effectifs du massif du Bargy. A la suite d'une première audience, le juge administratif a ordonné la suspension immédiate de la campagne d'abattage qui était sur le point de commencer.
"Le juge a considéré qu'il y avait urgence à suspendre puisque les opérations étaient sur le point de démarrer. Concernant la légalité, il a considéré que les mesures alternatives à la destruction de cette espèce emblématique, protégée, le bouquetin, n'avaient pas été correctement évaluées", explique Jean-Pierre Crouzat de l'association France nature environnement en Haute-Savoie.
Cet arrêté devait signer la reprise des tirs de bouquetins en Haute-Savoie alors qu'ils étaient suspendus depuis trois ans sur décision de justice. La mesure avait été décidée par le préfet après la détection d'un cas de brucellose sur une vache d'un élevage à Saint-Laurent en novembre 2021. Les 235 bovins du cheptel ont été abattus, conformément à la réglementation, provoquant la colère des éleveurs.
La colère des éleveurs
La France est considérée comme indemne de brucellose depuis 2005, mais une résurgence a été observée en 2012 dans le massif du Bargy. Selon les scientifiques, la maladie toucherait 4 % des animaux dans le cœur du massif. Les bouquetins du Bargy font l'objet d'une crispation entre le pastoralisme local et les associations environnementalistes qui prônent l'apaisement.
"Nous espérons un retour au calme et à la tranquillité pour pouvoir s'orienter vers un compromis qui permettrait une cohabitation apaisée entre les activités humaines, économiques, et la faune sauvage, notamment sur le massif du Bargy", souhaite Jean-Pierre Crouzat.
Cette nouvelle décision de justice semble toutefois irriter les éleveurs. Trois syndicats agricoles font part, dans un communiqué, de leur "colère" à l'annonce de la suspension de l'arrêté. "La justice rendue méconnaît totalement la situation d’urgence sanitaire sur le massif du Bargy", écrivent-ils, pointant un "véritable risque pour la santé humaine puis les animaux d’élevage".