Au procès de Christophe Profit, légende de l'alpinisme français, deux visions de la montagne s'opposent

Le guide de haute montagne Christophe Profit, légende vivante de l'alpinisme français, comparaissait ce jeudi 20 avril devant le tribunal correctionnel de Bonneville pour "vol" de pieux d'amarrage sur la voie normale d'accès du Mont-Blanc. Le jugement a été mis en délibéré au 5 juin prochain.

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L'alpiniste légendaire des années 1980 Christophe Profit, membre de la compagnie des guides de Chamonix, comparaissait ce jeudi 20 avril devant le tribunal correctionnel de Bonneville (Haute-Savoie) pour "vol", après avoir démonté des pieux d'amarrage sur la voie du Mont-Blanc, l'année dernière.

Le ministère public a requis 4 000 euros d'amende, dont 3 000 assortis d'un sursis. Le tribunal a mis son jugement en délibéré au 5 juin prochain.

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Le guide de haute montagne Christophe Profit, légende vivante de l'alpinisme français, comparaîssait ce jeudi 20 avril devant le tribunal correctionnel de Bonneville pour "vol" de pieux d'amarrage sur la voie normale d'accès du Mont-Blanc. Le délibéré sera rendu le 5 juin prochain. ©FTV

Dans un acte militant, Christophe Profit, 62 ans, avait ôté en juin 2022 deux des quatre pieux, installés par sécurité par la compagnie des guides de Saint-Gervais en accord avec ceux de Chamonix. Il avait alors opposé deux visions de la montagne et suscité un grand débat sur l'équipement en haute altitude.

Jean-Marc Peillex, maire (sans étiquette) de Saint-Gervais-les-Bais, commune du mont Blanc, avait en effet déposé deux plaintes, la première pour "mise en danger de la vie d'autrui", la deuxième pour "vol". La première plainte a toutefois été jugée sans fondement par le parquet de Bonneville.

"Connaisseur"

"J'ai enlevé ces pieux pour que des amateurs ne prennent pas de risques inutiles", a précisé le guide lors de l'audience ce jeudi. Pour son avocat, Me Laurent Thouvenot, ces pieux enlevés ne relèvent pas du vol : "Eventuellement, on en fait un acte militant. Il y a une vraie discussion à avoir. Mais cette discussion n'a rien à faire dans un prétoire."

"Je pense que son impulsion, c'est la sécurité. Il la met au service de tous. Je l'ai vu aller aider telle cordée qui était au loin. Il maîtrise tellement son univers. Il y a vu tellement de drame, qu'il a cette conscience. Il voit ces pieux, il en retire deux à la main puisque c'est avant tout une question de sécurité pour lui", poursuit Me Thouvenot.

"Il n'a pas voulu déséquiper tout le massif. Ce n'est pas un militant forcené qui dit : 'Je rends à la montagne sa virginité première'. C'est un guide d'élite qui a dit qu'en tant que connaisseur : 'J'ai trouvé une autre voie et que là, il ne faut pas s'accrocher.' Peut-être que les faits lui donnent raison, puisque les pieux ne sont plus là et c'est peut-être mieux ainsi."

La commune de Saint-Gervais et ses représentants n'ont pas assisté au débat : "Peut-être qu'il est sain qu'il n'y ait pas eu de contradiction. Peut-être qu'il est souhaitable qu'il y ait un débat hors du prétoire. Mon but, c'est l'apaisement de tout conflit", a expliqué l'avocat de Christophe Profit.

"Un lion"

En vue d'éviter ce procès pénal, un règlement à l'amiable avait été proposé à Christophe Profit. Mais ce dernier a refusé de reconnaître les faits reprochés. "On a voulu par orgueil et par jalousie installer des pieux sur le toit de l'Europe, alors je deviens un lion pour protéger ce sommet", a-t-il expliqué selon le site spécialisé alpinemag.fr. Son avocat n'a pas répondu aux sollicitations de l'AFP.

Christophe Profit, normand d'origine, est devenu célèbre quand il a gravi la face ouest des Drus à 21 ans, alors qu'il effectuait son service militaire au Groupe militaire de haute montagne (GMHM) de Chamonix.

Pourfendeur de longue date de "la voie du business et de la rentabilité" au Mont-Blanc, il s'était déjà illustré au début des années 2000 en démontant et redescendant dans la vallée quatre panneaux interdisant le camping au-dessus du refuge du Goûter, sur la voie normale, qui, selon lui, "défiguraient les lieux".

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